Après la pluie de pavés balancés par Donald Trump à destination de la Chine, du Mexique, du maire de Londres Sadiq Khan, de Jeremy Corbyn et de Cuba (placé sans préavis ce mercredi sous embargo touristique immédiat), les « sherpas » ont décidé qu’il était temps d’apporter douceur et réconfort aux marchés.
Les Bisounours défilent donc sans discontinuer depuis 48 heures sur les plateaux de télévision ou paradent devant les caméras, assurant qu’un accord commercial sino-américain reste possible, tandis que la Fed veillera à ce qu’aucune récession (peu en importe la cause en réalité) ne vienne saper le moral des marchés.
Peter Navarro, l’un des conseillers du président pour le commerce, croit pour sa part en la capacité du Mexique d’échapper à des sanctions douanières en donnant des gages de bonne volonté sur l’épineuse question des flux de migrants. En réalité, la meilleure chance du pays d’échapper aux surtaxes douanières repose sur le groupe républicain au Congrès.
Car nombre de sénateurs sont vent debout contre cette mesure annoncée de surcroît au moment même où l’accord commercial Etats-Unis/Mexique/Canada entre en vigueur. Or, qui voudra encore signer un accord avec l’Oncle Sam si c’est pour se faire matraquer le lendemain de sa signature ?
La lubie de la normalisation des politiques monétaires a vécu
Wall Street a pris conscience que Donald Trump menaçait beaucoup, mais ne pouvait pas tout se permettre. De même, les marchés ont bien compris que contrairement au mois d’octobre, les banquiers centraux sont à la manœuvre… mais dans le sens que souhaitent les investisseurs, après l’abandon de cette folle lubie de normalisation des politique monétaires (qui s’est évaporée fin décembre, après 20% perdus de façon absurde).
Cette fois, la correction n’a pas été au-delà des 6/7% reperdus sur les sommets (10% au maximum pour le Nasdaq, et encore ce repli à deux chiffres n’a duré que quelques minutes en cumulé lundi soir).
Jerome Powell s’est, il est vrai, empressé de conforter les anticipations de détente des taux avec la promesse d’intervenir pour contrer le risque de récession. Parallèlement, le marché obligataire s’est empressé de « pricer » (intégrer dans les prix) trois baisses de taux d’ici la fin de l’année (contre seulement une il y a un mois), soit un objectif de 1,75%.
C’était le scénario idéal. Merci Jerome Powell, mais il a manifestement estimé qu’il pouvait faire encore mieux, quand bien même le mieux est l’ennemi du bien…
Des mini-krachs en série
Le patron de la FED a en effet déclaré que « les instruments déployés lors de la crise financière (NDLR : de 2008/2009, c’est-à-dire l’instauration des taux zéro et la planche à billet rebaptisée « quantitative easing ») ont fonctionné et seront probablement une nécessaires une nouvelle fois ».
La situation est-elle à ce point critique pour que la Réserve fédérale soit sur le point de réenclencher la stratégie du désastre ?
La division par 10 des créations d’emplois dans le secteur privé entre avril et mai (de 271 000 à 27 000 selon les données du cabinet ADP) a certes de quoi déstabiliser le plus convaincu des permabulls. Quant au nouveau « sell off » sur le pétrole, avec un plongeon du WTI de 5% vers un plancher de 50,6$, soit un plus bas depuis le 14 janvier dernier, il n’incite pas davantage à l’optimisme.
La chute dépasse maintenant les 25% en l’espace de six semaines, un repli comparable à celui des secteurs de la distribution et des semi-conducteurs, et de tout un pan des « biotechs ».
Cela fait tout de même beaucoup de mini-krachs pour une conjoncture que la Maison-Blanche vient pourtant de qualifier de « rugissante » aux Etats-Unis…