C’est l’un des must de l’année. L’une des trop rares smallcaps à tirer son épingle du jeu, au sein d’un compartiment que les gérants ne fréquentent presque plus. L’un de ces rares maquis qu’a trouvé (ou retrouvé) une communauté financière qui se concentre sur les grands arbres. Après une année 2018 compliquée sur le plan boursier, Visiativ (FR0004029478-ALVIV), spécialiste rhodanien de l’édition et l’intégration de logiciels collaboratifs dédiés à la transformation numérique des entreprises, a magistralement rebondi.
Le titre grimpe en effet de 59% depuis le début de l’année, porté par un très bon newsflow. Une remarquable poussée qui n’est sans doute pas terminée, sachant qu’il se paie sur un PER de 11 et sur une VE/CA de 0,5, des ratios de valorisation qui restent attractifs. Incontestablement, ce beau dossier n’est pas cher payé…
Publié fin juillet, le chiffre d’affaires semestriel est ressorti à 85 M€, en croissance de 33% en données publiées et de 2% en organique par rapport aux six premiers mois de 2018. Par ailleurs, et l’international représente aujourd’hui plus d’un cinquième des revenus globaux, avec une présence dans dix pays, ce qui témoigne d’une force de frappe croissante et d’une capacité de séduction désormais éprouvée en dehors des frontières hexagonales. Les quatre branches ont de surcroît vu leurs revenus augmenter.
Le métier historique, la division « Intégration », a en particulier généré à lui seul 50,3 M€ de ventes, en hausse de 20%. Les segments « Edition » et « Conseil » ont pour leur part délivré respectivement 15,1 et 14,6 M€, à comparer à 11,9 et 5,5 M€. Quant à l’activité « Business Development », en plein… développement, tout au bout de la chaîne et dont l’essor requiert des investissements conséquents, ses revenus sont passés de 4,6 à 5,1 M€.
Les résultats complets de mi-exercice ont, eux, été dévoilés mardi après séance, une grosse semaine après l’annonce d’une entrée en négociations exclusives en vue d’acquérir une participation majoritaire dans Living Actor.
Ce spécialiste des « chatbots », des logiciels capables de dialoguer avec un humain, peut se prévaloir d’une dizaine de clients grands comptes parmi lesquels, excusez du peu, Caisse d’Epargne, Carrefour, Crédit Agricole, La Poste et Lafarge.
Une jolie prise donc, une de plus pour cette société devenue experte en matière d’acquisitions « tactiques », et qui a vocation à permettre à Visiativ de renforcer son offre, déjà bien étoffée au demeurant, à destination des entreprises.
En marche vers la rentabilité
Bien décidé à devenir un acteur majeur de la mutation numérique, un marché colossal, mais aussi très concurrentiel, le groupe est confronté à un double défi : engranger de nouveaux clients, et donc de nouveaux revenus, notamment à l’international pour la branche « Intégration », tout en tendant vers la profitabilité. A cet égard, et par-delà des prises de profits ce mercredi en Bourse, les données parues ce jour sont rassurantes.
Le résultat d’exploitation est ainsi passé positif à 1 M€, contre – 1,9 M€ au terme des six premiers mois de l’exercice clos, tandis que l’Ebitda est ressorti à 3,5 M€ au 30 juin, alors qu’il était tout juste stable un an plus tôt. Cette trajectoire ascensionnelle devrait par ailleurs perdurer, la direction visant une progression régulière de la rentabilité parallèlement à une augmentation des revenus, attendus à plus de 200 M€ à l’issue de cet exercice.
Visiativ est en fait en avance sur sa feuille de route, les objectifs déterminés dans le cadre du plan stratégique « Next100 » étant en passe d’être atteints avec un an d’avance.
Extension de son savoir-faire d’intégrateur à l’export ; développement de l’offre et consolidation du métier édition en France (notamment par le biais d’opérations de croissance externe focalisées sur de petits acteurs) ; déploiement de la dimension innovation chez les clients dans le conseil ; intégration de nouvelles offres dans l’unité « Business Development » (impression 3D, infogérance) : Visiativ court aujourd’hui quatre lièvres à la fois et est sans doute à un moment charnière de son histoire. Les co-fondateurs Laurent Fiard (PDG) et Christian Donzel (directeur général délégué) savent néanmoins où ils vont. Ils connaissent leur business sur le bout des doigts et ont d’excellentes raisons d’être optimistes.
Près de cinq ans et demi après une entrée dans le landerneau boursier à 10,86 €, Visiativ, dont la capitalisation flirte désormais avec les 100 M€, a vu son action multipliée par plus de deux, environ quatre fois plus que l’indice CAC Mid & Small dans cet intervalle ! L’action peut-elle continuer sur cette lancée ?
Le dossier dispose en tous les cas de nombreux atouts, au premier rang desquels une offre d’une rare densité et une stratégie « tentaculaire » mûrement réfléchie, qui plus est, beaucoup moins tributaire de Dassault Systèmes, lequel reste évidemment un client majeur. Une stratégie qui, au surplus, ne compromet en rien la situation financière (la direction table sur un gearing voisin de 50% au 31 décembre), et une offre d’une rare densité. En sus, on l’a vu, de ratios très soutenables.
Une base solide pour espérer une fin d’année 2019 et un début d’année 2020 (Visiativ aura alors présenté son plan stratégique à horizon 2023, avec d’ores et déjà l’ambition de fond de perpétuer la dynamique de croissance et d’accroître les synergies) en fanfare.