Wall Street a lourdement rechuté avant-hier soir, avec des baisses allant jusqu’à 3 voire 4% pour certains indices (comme le Russell 2000 ou le Dow Transport) qui auront probablement rappelé à certains le douloureux mois d’octobre.
Le S&P500 a quant à lui buté à l’approche de son large canal horizontal de moyen terme (visible en bleu clair + flèches de couleur).
Le potentiel rally de fin d’année amorcé la semaine dernière est-il déjà terminé, comme l’a suggéré mon confrère Eric Lewin dans sa dernière alerte PEA (si vous souhaitez profiter de ses conseils et analyses sur les poids lourds de la cote française, cliquez ici) ? Sachant que plusieurs échéances de premier plan sont attendues pour la fin de la semaine (je fais ici allusion à la réunion de l’OPEP et aux chiffres mensuels de l’emploi américain), il me semble difficile de se prononcer à ce stade.
D’un côté, la tournure des discussions entre Washington et Pékin semble aller dans le bon sens, la Chine ayant ouvertement fait part hier, pour la première fois depuis la rencontre de Buenos Aires de samedi dernier, de son optimisme pour déboucher sur un accord qui plus est dans le délais imparti par Washington. De l’autre, l’ampleur du « sell-off » de mardi soir a mis du plomb dans l’aile à cette esquisse de renouveau des indices.
En cause notamment : la situation de l’obligataire américain. En effet, après les propos accommodants du président de la FED Jerome Powell en milieu de semaine dernière, la recherche d’un refuge depuis mardi soir a poussé les contrats à la hausse (le rectangle noir ci-dessous). A ce propos, je rappelle que le cours des contrats évolue dans le sens inverse des rendements.
L’écart de rémunération entre les taux courts et les taux longs diminue fortement
Avec cette nouvelle détente sur les taux longs, l’écart de rémunération avec les taux courts se réduit à nouveau comme peau de chagrin, mais ce phénomène n’est pas sain…
Afin d’étayer mon propos, je vous invite à prendre pour exemple les prêts immobiliers que vous accordent votre banque. En l’occurrence, plus la durée est longue, plus le taux est élevé ; et le risque d’un défaut de paiement est évidemment plus important à mesure que la durée d’emprunt est longue.
Or, les perspectives prudentes à court terme font que ce n’est actuellement pas ou plus le cas sur la dette américaine.
A moins de 10 points de base, l’écart entre les rendements américains à deux ans et à dix ans vient de tomber à son plus bas niveau depuis juillet 2007, lorsque nous vivions les prémices de l’éclatement de la crise des subprimes. Et comme on le constate avec les cercles noirs ci-dessous, on se souvient tous de la fin des années 1980 ou encore de l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000.
Sommes-nous aux balbutiements d’un nouveau krach boursier ?
Historiquement, toute récession de l’économie américaine a toujours été précédée d’une inversion de la courbe des taux.
Une réalité qui impose a priori la plus grande vigilance, même si la Fed de Cleveland rapportait hier que si les sept dernières récessions ont été précédées d’une inversion de la courbe des taux, celle de 1966 et l’aplatissement de 1998 n’ont pas été suivis des mêmes effets dramatiques.
Les gérants de Banque Postale Asset Management (BPAM) ont tout récemment souligné le caractère exceptionnel de la politique monétaire des banques centrales de ces dernières années. Les quantitative easing à gogo ayant rendu l’environnement singulier, il y aurait tout compte fait plus de pertinence à mettre en parallèle les taux à dix ans et ceux à trois mois pour parvenir à prédire l’évolution des cycles.
Ce large débat va rester ouvert encore plusieurs mois, mais en termes de timing, qu’une récession guette ou non à un horizon de 18/24 mois, gardez bien en tête que les marchés anticipent. Partant, mieux vaudrait ne pas attendre d’être en récession pour vendre.
Statistiquement, le marché l’aura anticipé d’au moins neuf mois en moyenne. Un des gros focus à suivre l’an prochain selon moi…