Charles Dow est considéré comme l’un des pionniers de l’analyse comportementale des marchés. Sa théorie repose sur plusieurs principes afin de définir la notion de tendance. Au-delà de certains concepts de base (comme le fait qu’une tendance est haussière quand le marché fait des plus-hauts de plus en plus hauts et des plus-bas de moins en moins bas), il me semble important, en ce début mars, de souligner un point particulier de sa théorie : la composante Transport.
Comme toute bible de psychologie de marché vous le dira (Murphy ou autres), la théorie de Dow veut qu’une tendance haussière soit confirmée par certaines composantes clés. Par exemple, à Wall Street, le Dow Jones Industrial Average (qui regroupe les 30 premières capitalisations US) doit voir sa tendance confirmée par le Dow Jones Transport Average.
Un précurseur des tendances boursières américaines
Il faut donc que le Dow Transport suive les autres indices (S&P 500, Nasdaq …) pour que l’on puisse se dire dans une tendance haussière. En règle générale, le Dow Transport est même connu pour être un indicateur avancé des grosses tendances à venir du marché : il joue souvent un rôle de précurseur. Or justement, et c’est ce qui m’intéresse ici, depuis la fin 2014, on constate une très nette sous-performance du Dow Transport.
Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, le Dow Transport n’a pour le moment jamais dépassé ses récents sommets du dernier trimestre 2014 (ligne horizontale bleue).
Contrairement à ses pairs, il reste sous ses plus-hauts de l’année dernière.
Deux signaux de mauvais augure
A mon sens, cette récente sous-performance n’est pas de bon augure pour la tendance à venir des marchés américains dans leur ensemble. Pour deux raisons, liées, en partie, l’une à l’autre :
– Tout d’abord, l’effet dollar. Avec les bons chiffres de l’emploi américain de février (parus vendredi dernier) et le début du QE de la BCE, la tendance de l’Eurodollar reste extrêmement baissière. Or, durant leurs dernières publications, de nombreux mastodontes ont mis en lumière l’effet défavorable d’un EURUSD faible alors qu’il était encore sous les 1,20 $. Quid si l’on devait filer droit vers la parité comme cela semble se dessiner en ce début mars ?
– Deuxièmement, nous avons une évidente sensibilité du Dow Transport aux fluctuations des cours du pétrole. Or, comme son nom l’indique, on retrouve dans ce segment les leaders du transport aux Etats-Unis. Cela va des compagnies aériennes comme Delta Air Lines, aux leaders de la messagerie instantanée comme UPS ou Fedex. Leurs points communs : d’une part, être en première ligne en cas de ralentissement ou d’accélération de la croissance économique mondiale ; d’autre part, être extrêmement réceptif aux variations du prix du baril, le pétrole représentant d’importants coûts fixes pour ces acteurs.
Cependant, et malgré la poursuite de la plongée des cours de l’or noir au dernier trimestre 2014, il est surprenant que ce segment n’ait pas plus performé que cela. Cela ne semble effectivement pas suffisant pour enthousiasmer les acheteurs quant aux perspectives 2015. Un signal guère encourageant… surtout si le rebond du pétrole ou la plongée de l’EURUSD étaient appelés à se poursuivre.
Techniquement parlant, vous commencez sûrement à connaître certaines de mes stratégies visant à repérer de potentiels points d’accélération. Vous savez… ces niveaux trop beaux et trop nets qui, quand ils connaissent une rupture, déclenchent d’importants ordres stops en attente (voyez une récente illustration de cette stratégie ici). Eh bien, je vous le donne en mille sur le Dow Transport : entre ceux qui ont acheté au-dessus de ce seuil et ceux qui attendent de vendre à la cassure, il y a une multitude d’ordres de vente stops de court terme juste sous cette zone des 8550/8600 points (cerclée en rose sur le graphique précédent).
Gardez-la bien en tête car le jour où ce niveau cèdera, cela ira vite. Trop vite…