La pandémie de coronavirus, dont on est encore loin d’avoir épuisé toutes les conséquences sanitaires, économiques et financières, aura-t-elle raison des dividendes ?
« Plus ça baisse, plus les rendements montent », titrais-je la semaine dernière dans ces colonnes. Toutefois, vu la tournure des événements, à mesure que la baisse des indices et des actions se précise, je crains qu’un rabotage des prochains coupons trimestriels (voire pour l’an prochain) soit inévitable. Le scénario d’une annulation pure et simple est même plausible.
Pour tout vous dire, j’échangeais avant-hier matin avec un de mes abonnés, François C. (que je salue au passage), qui m’a demandé si la distribution par Unibail-Rodamco-Westfield (URW) du dividende de 5,40 € était toujours d’actualité. Vu le contexte, sa question est tout sauf anodine et alors que le titre de la foncière est tombé hier sous les 50 €, le rendement immédiat dépasse les 10% ici.
Au surplus, ce montant ne représente que la moitié du dividende global qui doit être théoriquement versé au titre de l’exercice clos. Un second coupon du même montant est en effet censé être détaché début juillet (cf. le rectangle noir).
10,80 € au global rapporté à 50 €, cela représente plus de 20% à prendre dans les trois mois et c’est probablement trop beau pour être vrai…
J’ajoute que ce second paiement doit être approuvé par un vote de l’Assemblée générale des actionnaires prévue le mois prochain. Etant donné les évolutions actuelles autour de la pandémie de coronavirus, un « standby » sur le paiement du solde paraît aujourd’hui très probable. Vu la dernière communication du groupe, la prudence est en tout cas de mise dans les rangs du management : « il n’est à ce jour pas possible d’évaluer l’ampleur de l’impact sur le résultat du groupe […] URW surveillera attentivement la situation et fournira des mises à jour si la situation le justifie. »
Dans le même secteur, Covivio a émis hier matin un avertissement sur ses résultats annuels, les événements actuels ne lui permettant plus de se conformer à son objectif initial de dégager un EPRA de 5,40 € par action.
Quoi qu’il en soit, une annulation pure et simple du dividende par mesure de préservation de cash n’a rien d’inhabituel. Dans un tout autre secteur, le fabricant de revêtements de sols Tarkett vient de franchir le pas. Dans un registre un peu différent (lié cette fois aux obligations), mais pas si éloigné que cela d’une finalité commune, Solocal Group vient aussi de suspendre provisoirement le paiement de son coupon obligataire afin d’évaluer les impacts du Covid-19 sur son activité et surtout sur sa situation de liquidité…
Prudence donc sur certains coupons attendus qui deviennent trop mirifiques de mon point de vue. Plus que jamais, il va falloir se montrer sélectif dans son stock picking ces prochaines semaines !