Plutôt que de s’appesantir sur les multiples publications des sociétés du CAC40, je vous propose de nous arrêter ce mardi sur une midcap qui traverse actuellement une passe boursière difficile, avec un recul de près de 10% depuis le début de l’année.
Il s’agit d’Ipsos (FR0000073298-IPS), le spécialiste des sondages et du marketing boursier, dont les comptes semestriels, parus la semaine dernière, ont il est vrai de quoi laisser plus que sceptique. Car si le chiffre d’affaires a crû de 1,5% en organique à 786 M€, il s’est inscrit en baisse de 5,7% en tenant compte de l’impact des changes. Sept points d’écart, un différentiel considérable…
De même, le bénéfice opérationnel a reculé d’environ 10% à 46 M€, d’où un repli de 0,3 point de la marge à 5,8%.
▶ Un business model en question
Certes, Ipsos se veut rassurant en tablant sur une marge opérationnelle en hausse de 10 points de base sur l’exercice, tout en prévoyant une croissance organique annuelle dans une fourchette comprise entre 2 et 3%, mais ces projections n’ont pas suffi à apaiser des investisseurs qui doutent sérieusement du business model du groupe.
Et pour cause : comme dans le monde de la publicité, celui des sondages est de plus en plus concurrentiel.
Des sociétés de consulting qui savent résoudre des problématiques bien spécifiques sont en effet venues changer la donne et Ipsos doit également composer avec l’arrivée de sociétés technologiques qui se servent souvent d’algorithmes issus de l’intelligence artificielle pour gagner des parts de marché.
Conscient de la menace et de l’émergence d’un nouveau paradigme dans son secteur, Ipsos a lancé début juillet le plan Total Understanding. Celui-ci prévoit une croissance organique de 2 à 5% par an à horizon 2020 et des acquisitions ciblées.
L’objectif d’Ipsos est aussi – surtout – de faire grossir la part des nouveaux services (les nouveaux outils de mesure, les données en temps réel ou encore le service d’assistance aux clients) de 12 à 20% des revenus… Cap sur le numérique donc, afin, dixit la société, de rassembler l’information à un moindre coût.
Visant un doublement de taille d’ici sept à dix ans, Ipsos aspire également à porter sa rentabilité opérationnelle jusqu’à un niveau de 15%.
▶ Un profil de société « OPAble »
Reste cependant à savoir si le groupe pourra opérer pareille mutation tout en restant indépendant, sachant que la composition de son tour de table fait d’Ipsos une société assez « OPAble ». Son flottant s’élève en effet à 79%, ce qui ajoute une dimension spéculative au dossier.
Selon moi, une opération capitalistique sur le groupe peut en fait intervenir à tout moment, d’autant que ses ratios de valorisation ne sont guère élevés.
L’action se paye en effet sur un PER de 11 si l’on prend en compte les prévisions 2018 ou encore sur une VE/Ebit de l’ordre de 9. Pas très cher pour un tel groupe dont la structure financière demeure qui plus est assez saine avec un gearing inférieur à 40%…
Il est certes évident qu’une OPA interviendrait sur des ratios beaucoup plus élevés, sans doute autour de 15, ce qui laisserait une marge de progression appréciable au titre, sur des niveaux de 37€ contre environ 28€ actuellement…
Nous n’en sommes bien sûr pas encore là, mais un telle éventualité ne saurait être négligée à mon sens…