La pandémie de Covid-19 a bien sûr des conséquences extrêmement importantes, voire gravissimes pour de nombreux secteurs. Elle peut toutefois aussi profiter à certains, en particulier ceux des utilities et du traitement des déchets. Nous « jouons » d’ailleurs l’essor de ce dernier dans mon service La Lettre PEA, avec d’ores et déjà une prise de bénéfices partielle (PBP) à deux chiffres sur l’un de ses fers de lance.
Pratiquement à l’arrêt, le secteur de l’automobile a, lui, été très chahuté ces dernières semaines à l’image de Peugeot, dont l’action a dévissé de quelque 36% depuis le début de l’année. Résultat des courses : la capitalisation boursière du constructeur automobile est tombée sur des niveaux d’à peine 12 Mds€.
Les ventes de véhicules ont il est vrai fondu de 29,2% au premier trimestre, mais le chiffre d’affaires n’a, lui, reculé « que » de 15,6% à 15,2 Mds€. Il faut dire que la montée en gamme du groupe que dirige Carlos Tavares commence à se voir dans les comptes.
D’une manière générale, Peugeot (qui dans un autre registre a décidé de faire du travail à distance la règle, et non plus l’exception) propose désormais des modèles davantage premium, avec en conséquence une marge plus importante.
Une fusion pertinente
Son mix produit tend vers le haut, ce qui mécaniquement pousse la rentabilité. Au surplus, le projet de fusion avec Fiat Chrysler (FCA) demeure d’actualité et l’opération devrait être finalisée sinon en fin d’année, en tout cas début 2021. Difficile de donner une date précise dans le contexte actuel, mais cette fusion, qui pourrait toutefois engendrer de la « casse » sociale, fera du bien aux deux groupes.
Elle doit donner naissance au numéro 4 mondial en termes de ventes, avec des marques comme Peugeot bien sûr, mais aussi Maserati et Alfa Romeo, et une complémentarité géographique très intéressante. L’ensemble réalisera en effet 46% de son chiffre d’affaires en Europe et 43% en Amérique du Nord, alors que le groupe PSA génère aujourd’hui 80% de ses revenus sur le Vieux Continent et que ses ventes sont très marginales outre-Atlantique.
Soulignons également une montée en puissance en Amérique Latine, même si la zone traverse aujourd’hui de fortes turbulences économiques.
Reste à déterminer les synergies industrielles, attendu que PSA dégage actuellement une rentabilité de 7,6% bien supérieure aux 6% de FCA et que les chantiers sont nombreux, tandis que les usines américaines de Fiat Chrysler sont aujourd’hui très sous-utilisées en raison du coronavirus.
D’ici à ce qu’elles tournent de nouveau à plein régime, jetons un œil sur les ratios de Peugeot, qui se paie notamment sur un PER de l’ordre de 8 au titre de 2020. La baisse significative du titre ne l’a guère fait évoluer sur ce plan en raison d’un repli tout aussi notable des prévisions de bénéfices, mais le titre semble tout de même décoté par rapport à son actif net, de l’ordre de 30%.
Au bout du compte, même si l’automobile est bien entendu un secteur en grande difficulté aujourd’hui, il est permis de commencer à considérer le dossier autrement. Si d’aventure le déconfinement devait être couronné de succès, l’action pourrait selon moi reprendre de 15 à 20%. C’est un pari audacieux certes, mais n’oublions pas que tout est possible sur les marchés actions dans le contexte actuel.
Dans un sens comme dans l’autre…