La crise sanitaire a plongé le secteur aéronautique dans une profonde déprime et Airbus Group n’a sans doute pas fini de dévisser en Bourse, estime notre expert Philippe Béchade. Attention aux fausses bonnes affaires !
Reconnaissons-le : Airbus Group (NL0000235190-AIR) s’en tire beaucoup mieux cette année que son grand rival Boeing, qui a déjà fait face à 436 annulations de commandes – tous modèles confondus – depuis le début de l’année. A l’inverse, l’avionneur européen a de son côté engrangé 370 commandes brutes d’avions civils sur les neuf premiers mois de l’année et 307 commandes nettes.
Il a de surcroît livré 284 appareils entre le 1er janvier et le 31 août, ce qui représente certes un recul de 43% par rapport à la même période l’an passé, mais Boeing n’a livré que 11 avions le mois dernier (contre 25 un an plus tôt et 12 au mois d’août).
Les bonnes nouvelles concernant Airbus Group sont néanmoins toutes relatives et l’annonce hier par Emmanuel Macron d’un couvre-feu en France qui touche 90% des métropoles desservies par un aéroport international pourrait ne constituer qu’un premier pas avant une salve de mesures plus restrictives sur les déplacements intra-européens et extra-européens. Sans parler de l’attrait désormais strictement nul d’un séjour culturel ou gastronomique à Paris, Lyon ou Marseille pour une période d’au moins quatre semaines…
Puisque les commandes de l’avionneur européen risquent de rester « clouées au sol » ces prochains mois, sachant qui plus est que les salons internationaux programmés d’ici mars 2021 sont annulés les uns après les autres, y compris le Forum de Davos fin janvier, son salut se situe désormais au-delà de la stratosphère. L’Agence Spatiale Européenne (ESA) lui a ainsi confié la conception d’un « alunisseur logistique lourd européen multi-rôle » capable de transporter jusqu’à 1,7 tonne de fret vers n’importe quel endroit de la surface lunaire.
L’ESA compte également sur Airbus Group pour concevoir et réaliser un véhicule spatial de transport interplanétaire baptisé « Earth Return Orbiter » (ERO), capable de rapporter sur Terre des échantillons de sol martien dans le cadre de la mission « Mars Sample Return », dans le cadre d’une co-entreprise avec la NASA.
Des ventes de titres massives en vue
Sauf qu’en termes de chiffre d’affaires, l’aventure spatiale n’apporte qu’une contribution marginale, et qu’avec la deuxième vague de contaminations au Covid-19, ce sont au minimum trois mois de commandes qui vont être perdus (les congés/voyages de fin d’année s’annoncent très mal), si ce n’est six… car il faudra bien que le(s) gouvernement(s) reste(nt) cohérent(s) par rapport à la dramaturgie de l’automne.
Les investisseurs risquent de considérer qu’il y a mieux à faire que de patienter aussi longtemps sur Airbus Group et pourraient se débarrasser du titre ces prochains jours.
En net repli ce matin, l’Airbus devrait s’en aller refermer le « gap » des 60,17 € du 25 septembre et pourrait re-tester dans la foulée le plancher des 58 € du 24 septembre (qui coïncide désormais avec le support oblique unissant les précédents creux des 26 juin, 27 juillet et 24 septembre).
Les choses risquent ensuite de se corser si le cours s’enfonce sous les 58 €, avec des vendeurs à découvert qui prendraient la main et tenteraient d’« appuyer » sur le cours jusqu’à revoir le plancher des 49,3 € du 15 mars dernier.