Alors que la suspension du plafond de la dette arrive à son terme, le Congrès exige d’ores et déjà que tout allègement fiscal accordé par Trump soit sans incidence sur les recettes, ce qui signifie que tout allègement touchant une rubrique du Code des impôts doit correspondre à l’augmentation d’un autre poste. Cela déplace de l’argent mais cela n’exerce que peu d’impact, voire aucun, en termes de stimulation.
Le Congrès exige également que toute dépense d’infrastructure soit réglée sans augmenter la dette. On peut y parvenir en instaurant des péages et des redevances sur les ponts, tunnels et aéroports, mais cela revient à augmenter les impôts, ce qui réduit également l’effet stimulateur à court terme.
Trump a donc les mains liées. Son entourage veut qu’il applique la méthode Reagan, mais nous ne sommes pas en 1981. Nous sommes en 2017. Il est loin le temps où, sous Reagan, le ratio dette/PIB était de 35%. Trump hérite d’un ratio dette/PIB de 105%. Son gouvernement ne dispose d’aucune marge pour procéder à un stimulus budgétaire, et on doute fort qu’un soi-disant stimulus fonctionnerait, de toute façon, étant donné les niveaux d’endettement déjà élevés.
Les investisseurs étrangers voient arriver la prochaine crise de la dette et se débarrassent de leurs bons du Trésor américain. Comme l’indique le graphique suivant, les achats nets de bons du Trésor américain, réalisés par les investisseurs étrangers, ont commencé à plonger après 2010, lorsque sont apparus les déficits d’Obama.
Ces achats se sont réduits régulièrement jusqu’en 2016, date à laquelle les achats nets se sont transformés en ventes nettes. Une désaffection collective des obligations souveraines américaines s’est amorcée.
Trump n’est pas responsable de la crise de la dette qui s’annonce, mais la conjoncture veut qu’elle tombe sur lui. Après quelques améliorations enregistrées pendant les années de Bush père et de Clinton, Trump vient d’hériter de la prodigalité de Bush fils et d’Obama. La situation se retourne contre lui.
La proportion des comptes étrangers passés du statut d’acheteurs nets à celui de vendeurs nets de bons du Trésor américain, de même que la rapidité avec laquelle cela s’est produit, sont spectaculaires. C’est une des raisons pour lesquelles nous affirmons que les jours du dollar sont comptés. Voyez les autres raisons ici.