Hugues Cazenave et Frédéric Potier disent non à la Bourse
Lorsque que je rencontre des chefs d’entreprise pour la première fois, je leur demande systématiquement de m’expliquer pourquoi ils ont décidé d’introduire leur société en Bourse. La plupart du temps, ils me répondent qu’il s’agit d’abord de lever des capitaux et d’améliorer leur crédibilité.
Mais, force est de constater que, pour d’autres, l’IPO n’est clairement pas une fin en soi. C’est notamment le cas de Hugues Cazenave, le P-DG d’Opinion Way. Le dirigeant du célèbre institut de sondage m’a expliqué la chose suivante : « Nous faisons 12 M€ de CA… Personnellement, je ne vois pas ce que je pourrais faire d’une levée de fonds de 3 M€ et d’une cotation sur Alternext. »
Même discours du côté de Netatmo, le spécialiste des objets connectés. Lors de la présentation de sa société sur le Spring Campus, Frédéric Potier, le fondateur et principal dirigeant du groupe, a indiqué qu’il n’avait » aucun intérêt à être coté ». Et de rajouter : « Je préfère être financé par le private equity. En plus c’est beaucoup plus sain pour mes salariés qui n’ont pas à se soucier de notre cours de Bourse. »
Lendix, une Fintech très offensive
Olivier Goy, le patron de Lendix, le spécialiste du prêt en ligne aux entreprises (une société de crowdlending), nous a présenté son business model. Pour lui, sa structure est le support idéal pour des petites, voire toute petites entreprises pour trouver de l’argent. Si un internaute croit au projet de la société, il lui prête une somme contre rémunération (souvent bien supérieure à ce que vous trouverez sur le marché obligataire). C’est la société Lendix qui a fait l’étude du projet, de la solidité de la société, et a fixé le taux de rémunération du prêt. En fait, Lendix et vous faites le travail d’une banque !
La critique envers le système bancaire est donc évidente : « Les établissements bancaires prêtent à des taux peu élevés mais sont très lents à prendre leurs décisions. Lendix a des taux plus élevés, certes, mais réagit très vite sans demander de caution ou de nantissement à leurs clients, d’où notre envolée depuis la création de la société il y a un peu plus de 1 an », précise le patron.
La société a réalisé 100 prêts l’an dernier pour un montant global de 17 M€. « Les entreprises concernées réalisent des CA compris entre 0,3 M€ et 200 M€ pour une durée moyenne de 40 mois avec des taux de 4% à 9% », conclut-il.
Après la catastrophe Geci Aviation, Serge Bitboul revient dans la course
De retour de CroissancePlus, j’ai revu, lors d’une soirée consacrée aux cleantech israéliennes le PDG de Geci International, un spécialiste de la R&D externalisée. Sa société après quatre années de suspension de cotation vient de re-coter… avec un plongeon du titre de plus de 85%.
Il faut dire que le groupe a multiplié les déboires : liquidation spectaculaire de Geci Aviation, filiale de Geci International. Cette société avait pour ambition de créer un avion de transport le Skylander mais l’aventure a vite pris fin faute de financement… Serge Bitboul a laissé beaucoup de plumes financières et morales dans cette aventure et revient avec une soif de revanche, tout comme les actionnaires du groupe, complètement lessivés. A plus de 60 ans, il n’a pas du tout envie de raccrocher et entame une nouvelle carrière. « Je veux rebondir avec Geci International et me développer dans mon métier d’origine. Je dois une vraie revanche à tous ceux qui m’ont fait confiance », m’indique celui qui je conseillais quand je travaillais chez Euroland Finance…
Je vais le revoir pour faire un point sur la société, tombée à une capitalisation boursière de 13,6 M€…
Retour à une intense communication pour Archos
Le PDG de Archos, Loic Poirier, a loué pendant 10 jours un appartement en plein 8eme arrondissement pour recevoir la communauté financière au grand complet. Le 18 mars, je me suis donc rendu au déjeuner de presse, qui a duré plus de 3 heures – ce qui est rarissime.
De toute évidence, le patron voulait re-séduire la presse financière et les analystes. Il n’a pas été avare de mots et s’est présenté comme un grand communicant – après des années de silence. Il nous a présenté la stratégie et les projets du groupe, puis a fait un point précis sur les chiffres : le patron de Archos veut absolument revenir dans la course et, pour cela, il a compris qu’il devait absolument communiquer, que la presse et les analystes s’intéressent à lui.
La direction s’est donc évidemment montrée optimiste, confiante dans la capacité d’Archos à se faire une place dans le monde des smartphones et tablettes. Le chiffre d’affaires du premier trimestre a ainsi progressé de 15% à 40,2 M€, et le patron réitère son objectif de 200 M€ pour 2016 (il vise un résultat légèrement bénéficiaire).
A la fin du déjeuner, Loic Poirier s’est tourné vers moi : « Alors tu es enfin convaincu Eric… ? J’espère que tu ne vas pas nous dégommer cette fois-ci ! ».
C’est vrai que j’ai toujours été très négatif quant à la situation et au potentiel d’Archos. Mais les faits m’ont toujours donné raison ! A présent, je pense que le groupe prend à bras le corps les problèmes de rentabilité, et commence à se donner les moyens de survivre. Mais Archos ne rivalisera jamais avec Apple et Samsung… et j’attendrais encore de voir les prochains résultats pour me faire une réelle opinion sur le dossier. Quoi qu’il en soit, la stratégie de communication du groupe fonctionne plutôt bien : le titre a pris près de 100% depuis la mi-février. Le plus dur commence toutefois maintenant…