Un référendum sur un « UKxit » (ou un « Britxit ») n’est pas le seul enjeu des élections législatives britanniques du 7 mai prochain (dans moins de 10 jours), il y a également au cœur des débats les « contrats zéro heure », une vraie merveille aux yeux de notre MEDEF qui souhaite plus de flexibilité et moins de réglementations du marché du travail.
Le gouvernement Cameron a encouragé − dès son arrivée aux affaires − la popularisation d’une formule insurpassable du point de vue de l’employeur : le zero hour contract qui ne garantit aucun revenu minimum, ni aucune sécurité d’emploi… mais assujettit le signataire à une disponibilité comparable à celle d’un pompier de garde (mais sans la solde, sans les cotisations retraite, sans les congés payés, les repas à la caserne, sans le camion rouge et sans le prestige aux yeux des citoyens et surtout des citoyennes).
L’employé sous contrat « zéro heure » doit être en mesure de gagner son lieu de travail à tout moment, sans concertation préalable avec son employeur : il est corvéable à merci et peut être débauché au bout de quelques heures de travail (parfois, cela ne suffit même pas à couvrir les frais de déplacement du « salarié », et encore moins ses besoins élémentaires, comme se nourrir).
Au moyen âge, le paysan était certes corvéable à merci, mais il disposait au moins d’un toit et d’un lopin de terres pour en tirer sa subsistance : heureusement, grâce à la crise de 2008/2009, l’Angleterre à accompli ce progrès immense de libérer le salarié/esclave de sa condition d’occupant d’une masure insalubre et du travail harassant sur sa parcelle pour en extraire quelques malheureux légumes.
Alors certes, le zero hour contract était à l’origine destinés aux étudiants et aux saisonniers… mais ils sont si prodigieusement avantageux pour l’employeur (pas de charges, pas de paperasse, liberté de fixer la rémunération, à condition de payer 6,50£ de l’heure, alors que le salaire minimum d’existence − ou living wage − est estimé à 9,15£/H que ces contrats se sont généralisés à toutes les catégories d’employés britanniques.
Pourquoi Ed Miliband, le chef du Parti travailliste, qui pourfend les zero hour contract risque-t-il de ne pas faire le plein de voix « à gauche » ? Parce qu’au moment ou la croissance ralentit (+0,3% au 1er trimestre), ce n’est pas le bon moment de faire exploser statistiquement le chômage : pas moins de 1,5 million de Britanniques et un nombre peut-être plus important encore d’étrangers, travaillent sous ce statut, soit quatre fois plus qu’en 2010, à l’arrivée de David Cameron.
Supprimer ce contrat serait non seulement statistiquement suicidaire mais potentiellement très coûteux : qu’est que le Royaume-Uni ferait de tous ces esclaves sans propriétaire et sans revenu minimum d’existence ?