Je ne vous apprends rien, en ce début septembre : c’est par la Chine que la panique boursière est arrivée. L’indice chinois a complètement dévissé, perdant 40% depuis son top de la mi-juin et entraînant dans sa chute les autres places financières. En cause : sa croissance ralentit et, désormais, tout le monde s’en rend compte. Elle n’atteindra pas les 7%, mais plutôt 6,8% cette année et 6,3% en 2016 d’après le FMI (Patrick Artus, lui, anticipe 2% à 3%… !). Alors, comme n’importe quel autre pays, la Chine a décidé de dévaluer sa devise dans l’espoir de relancer ses exportations (ce qu’elle ne pouvait théoriquement pas faire, le yuan étant arrimé au dollar). Elle a également abaissé ses taux directeurs. Deux fois…
…Coup de tonnerre, donc, dans le monde financier qui a pris conscience que le moteur de la planète était vraiment en train de caler ! Les places boursières ont toute plongé.
Mais vous avez suivi toutes ces informations et ne parler que de la Chine, c’est oublier que les autres pays émergents sont aussi embourbés dans une croissance molle…
Le marché devrait, par exemple, se soucier beaucoup plus du Brésil qui entre en récession avec une baisse de son PIB de 1,5% cette année. Il y a 6 ou 7 ans à peine, on parlait encore du « miracle brésilien ». Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Eh bien, l’inflation à 9,6% oblige le maintien de taux d’intérêt au-dessus de 14%. Or ces taux élevés ont impacté lourdement la consommation de la fameuse classe moyenne, en plein enrichissement ; ils ont aussi freiné l’investissement des entreprises, qui chute carrément de 7%.
Le souci, c’est qu’en parallèle, la politique budgétaire du pays est restée très austère (le gouvernement veut absolument pouvoir afficher un excédent primaire de 2% en 2018). Or, avec des infrastructures en retard, une administration archaïque, et des dépenses publiques en baisse, le Brésil est au bord de l’explosion sociale et les capitaux fuient le pays. Le pays a bien dévalué sa devise pour relancer ses exportations (à 3,50 real par USD contre 3,00 en mai dernier)… mais sans autre effet qu’importer de l’inflation.
La Bourse s’enfonce (-21% en deux mois), bien loin des 35% gagnés par l’Argentine sur la même période, et les agences de notation menacent de dégrader le pays en catégorie « junk bonds » (à BBB- chez Standard & Poor’s, et Moody’s vient d’abaisser la note de Baa2 à Baa3)…
Bref… en Brésil comme en Chine, le miracle économique a fait long feu. Mais n’est-ce pas l’étincelle qui mettra le feu aux poudres ?