Vive le Prince George ! Depuis qu’il a reçu un coup de goupillon sous le regard confondu de tendresse de Kate et William le week-end dernier, la bourse de Londres enchaîne les séances de hausse comme les invités au baptême enchaînaient les voeux de bonheur sur le Livre d’Or à la sortie de la chapelle du palais Saint James.
La City qui baigne dans une douce euphorie, des cours qui grimpent avec régularité… tout ceci semble d’une effroyable banalité puisque les indices boursiers affichent un bull trend depuis 19 semaines.
Mais à y regarder de plus près, la situation n’est pas si banale qu’il n’y paraît. Tout d’abord, la hausse de 15% des actions depuis 4 mois s’inscrit à contrecourant des bénéfices des entreprises… qui stagnent depuis la fin du 1er semestre.
Heureusement que les prix de l’immobilier s’envolent, cela aide à oublier que la croissance demeure incroyablement paresseuse vu la centaine de milliards de Livres injectées par la Bank of England depuis le 1er janvier 2013. Des milliards qui sont destinés à être prêtés avec prodigalité et sans demandes de garanties excessives aux… acheteurs de biens immobiliers.
Car oui : les banques sont priées depuis le début de la semaine de consentir des prêts hypothécaires sans noyer les demandeurs sous un flot de questions embarrassantes. Après tout, a-t-on demandé au petit Prince George s’il validait le concept de la Sainte Trinité avant de le baptiser ? Pourquoi les banques se montreraient-elles plus inquisitoriales avec de fervents emprunteurs qui veulent ouvrir leur tiroir-caisse ?
Et donc les prix montent, ce qui alimente un effet de richesse comme aux plus belles heures de la bulle immobilière.
C’est magnifique de voir comme une banque centrale qui se dote d’un ex-Goldman Sachs (d’origine canadienne) comme gouverneur apprend vite de ses erreurs : elle s’empresse de commettre à nouveau les mêmes… mais avec beaucoup plus d’argent fictif (c’est sûrement ce qui avait fini par manquer de 2004 à 2008 !).
Mais il y a une question que la City évite de se poser : les miracles boursiers sont-ils devenus une norme et non une exception ? Pourrait-on concevoir une ville de Londres en liesse permanente comme si l’on y célébrait un mariage princier toutes les 3 semaines ?
Le record historique de 14 séances positives sur 15 du 1er au 22 mai 2013 a été égalé ce mercredi 30 octobre (cela en fait deux pour cette seule année 2013) et sera battu aujourd’hui jeudi si les robots ont pour instruction de faire en sorte que le FTSE100 termine le mois au plus haut (15 séances de hausse sur 16… du jamais vu depuis que l’on échange des valeurs mobilières sur le bord de la Tamise).
Le FTSE100 avait débordé mardi les 6.750Pts (ex-record absolu de mai/juin et octobre 2007) et vient de s’offrir (à 6.820Pts) le retracement du zénith annuel de clôture des 6.840Pts du 22 mai dernier.
N’en déplaise au petit Prince George, la liesse de la City n’a rien à voir avec son baptême, ni avec la conviction qu’il grandira dans une Angleterre plus prospère. Elle résulte seulement du déversement de drogue monétaire à flux continu dans le système financier, et dans des proportions si massives qu’elle assommerait un rhinocéros en quelques secondes.
Il faut des années d’accoutumance pour supporter de telles doses mais l’embolie pulmonaire menace, il devient évident que le marché est incapable de reprendre son souffle et l’attaque cardiaque serait imminente en cas de rupture des 6.500Pts, avec retour direct à la case 6.100Pts… où, soit dit en passant, les valeurs britanniques étaient très correctement valorisées…