Les marchés devraient être beaucoup plus agités en cette année 2018.
J’avoue. J’avoue m’être trompé d’un mois.
Je pensais que le shutdown du gouvernement américain aurait lieu le 8 décembre. Je l’avais expliqué dans mon interview avec Bill Bonner. Il a eu lieu le week-end dernier.
Nous allons voir à présent qui aura les plus gros muscles entre démocrates et républicains. Nous verrons si ce shutdown est, comme d’habitude, un jeu de bluff qui ne dure qu’une semaine, ou bien si les deux camps s’enterrent dans leurs tranchées et refusent de bouger. Comme je l’écrivais déjà, le 25 octobre :
« Les démocrates et les républicains ne sont pas d’accord sur les questions suivantes : le financement du mur frontalier de Trump, le planning familial, les renflouements de l’assurance Obamacare, les villes sanctuaires et le statut des immigrés. Vous voyez où je veux en venir : il n’y aura pas de compromis possible sur le budget.
Nous avons eu plusieurs fermetures gouvernementales au cours des sept dernières années. Encore une fois, ce n’est pas la fin du monde. Mais cela n’inspire pas confiance dans la gouvernance américaine à un moment où la Chine occupe une place centrale et où les bruits de bottes se font entendre en Corée du Nord. Il n’y a rien que le marché boursier aime moins que l’incertitude. Cela pourrait être aussi un catalyseur pour la correction boursière tant attendue. »
Mais à l’aube d’une nouvelle année, les investisseurs extrapolent ce qu’ils ont vécu en 2017. Comme si les choses n’allaient jamais changer.
▶ Des marchés artificiellement en hausse à cause des banques centrales
La plupart des investisseurs oublient ou ignorent le fait qu’au cours de la dernière décennie, plus de 13 000 milliards de dollars de liquidités (ou QE) des banques centrales ont contribué à faire grimper les cours des actions et des obligations.
Ce graphique, réalisé par Ed Yardeni, comprend le total des actifs de quatre banques centrales : Fed, Banque centrale européenne, Banque du Japon et Banque populaire de Chine :
Ces 13 000 milliards de dollars de liquidités supplémentaires (les liquidités sont passées de 7 000 Mds$ en 2008 à 20 000 Mds$ à l’heure actuelle) ont été créé pour acheter des actifs.
Tout cet achat n’a pas été financé par l’épargne des entreprises ou des ménages. Il provient uniquement de quelque chose qui n’existait pas avant 2008.
▶ Les liquidités devraient diminuer en 2018
Bien que le graphique ci-dessus soit impressionnant, il ne faut pas perdre de vue que les flux de liquidités des banques centrales devraient diminuer rapidement en 2018…
Un resserrement quantitatif conjugué à une hausse des émissions de dette souveraines (due à l’augmentation des déficits budgétaires publics) renforcera la pression sur les ventes d’actions et d’obligations.
Ce graphique de la Deutsche Bank montre qu’en 2017, les quatre grandes banques centrales ont injecté des liquidités dans les marchés des capitaux à un rythme annuel proche de 2 000 Mds$. La ligne noire marquée « Total » mesure le flux combiné de liquidités :
Une ligne verticale noire marque la date décembre 2017. Tout ce qui se trouve à droite est donc une projection. Remarquez à quelle vitesse la ligne de liquidité totale devrait diminuer dans les mois à venir.
Même si le stock d’actifs des banques centrales continuera de croître, la croissance ralentira, car le flux de nouvelles liquidités ralentira. C’est comme une baignoire qui se remplit encore, mais à un rythme plus lent.
Par ailleurs, il faut également considérer que le graphique ci-dessus prévoit que la BCE sera le plus grand fournisseur de liquidités en 2018. Elle compensera largement le timide retrait de liquidités de la Fed.
▶ 2017 était la dernière année de sérénité sur les marchés
Les indicateurs économiques en Europe sont positifs. La BCE pourrait donc subir des pressions pour accélérer le ralentissement de son assouplissement quantitatif.
Voici quelques questions clés auxquels les investisseurs vont devoir répondre pour savoir comment se positionner dans les années à venir :
- les marchés boursiers et obligataires sont-ils devenus dépendants des flux de liquidité des banques centrales ?
- si ces flux sont lents (voire inversés), est-ce que les cours des actions et des obligations s’inverseront ?
- enfin, les données démographiques font grimper les dépenses liées aux droits à pension dans le monde entier, et il n’y a aucun signe de consensus politique pour changer de cap. Les banques centrales seront obligées d’acheter les obligations émises pour financer les déficits publics. Supposons que le QE soit une caractéristique permanente de l’économie mondiale. Si tel est le cas, l’offre future de nouvelles dettes souveraines compensera peut-être largement les flux de liquidités des banques centrales. Le flux de liquidités (net des émissions de titres d’emprunt souverains) vers les marchés boursiers et obligataires pourrait-il être nul ou négatif ?
Les enjeux sont très importants pour l’année à venir. Sans doute 2017 était-elle la dernière année de sérénité et d’euphorie pour les marchés boursiers. En effet, nous ne voyons pas comment, entre la baisse des injections de liquidité, les sources de tensions internationales, et la faiblesse du dollar et le risque de ralentissement économique lié justement à un resserrement monétaire, les marchés pourraient rester si hauts.
Nous sommes prêts à affronter toute chute et retournement de situation. Pourquoi ? Parce j’ai updaté mon système d’analyse « PROPHESY » tout au long de 2017 afin de le rentre plus précis dans le timing de prise de position par rapport aux scénarios envisagés. Je vous explique comment j’ai fait ici, et quels gains vous pourriez en tirer.
Bien à vous,
Jim
1 commentaire
Il manque la PBOC dans votre analyse. C’est elle qui alimente le plus le Ponzi des dettes.