Beaucoup d’entre vous avez peut-être déjà pris connaissance de la synthèse de Didier Saint-Georges dont le titre avait le mérite d’être clair : « Les plans de relance monétaire seront des échecs inéluctables ».
L’effet de richesse fantasmé devient globalement négatif.
C’est peu dire que les arguments du très écouté et respecté stratège du courtier Carmignac recoupent à 99% ceux dont vous êtes coutumiers via mes analyses ou celles des rédacteurs des Publications Agora.
L’analyse de Didier Saint-Georges concorde de façon singulière avec la nôtre :
- Syndrome de la trappe à liquidité ;
- Échec de stratégies reproduites inlassablement ;
- Risque obligataire grandissant non rémunéré ;
- Mauvais message envoyé aux consommateurs et aux épargnants ;
- Écrasement des marges des banques ;
- Soutien à la consommation via le crédit non probant ;
- Risque de bulles…
Tout y est !
Je me retrouve dans ce que dit l’auteur sur la baisse des marges des entreprises (-3 points en 5 ans à fin 2015), de la profitabilité (dont la chute est masquée par l’artifice des rachats de titres (buybacks) ainsi que des signaux de ralentissement.
Didier Saint-Georges évoque une croissance inférieure à 2% aux États-Unis en 2016, la Fed d’Atlanta vient pour sa part de réviser pour la seconde fois en 3 mois son estimation pour le 1er trimestre de +1% à +0,6% puis désormais +0,4%.
Les marchés se sont habitués au coup de mou du 1er trimestre (la faute aux intempéries est souvent bien pratique) et misent déjà sur une ré-accélération de la croissance… Mais d’année en année, le sursaut printanier s’avère de plus en plus laborieux aux États-Unis.
Si les récents chiffres américains sont en hausse, comme Wall Street s’y attendait (indices d’activité en hausse en mars, dont l’ISM manufacturier supérieur aux attentes ainsi que des indices de confiance. ils ne constituent cependant pas encore une tendance.
Et la Fed s’appuie sur cet argument pour se montrer prudente et repousser une hausse de taux au plus tôt en juin. Cela va dans le sens des « minutes » publiées mercredi soir.
A force de trouver chaque mois des raisons de mettre la pédale douce sur la normalisation de sa politique monétaire, la Fed ne s’est reconstituée aucune marge de manœuvre en cas de vents contraires sur la croissance. Ce qui est quand même le scénario au centre de ses derniers débats ! C’est d’ailleurs ce que ne cesse d’expliquer Jim Rickards dans son service consacré aux Guerres des Devises – et de développer des stratégies pour profiter des manœuvres des Banques centrales.
Wall Street danse depuis un an sur le fil, mais sans aucun filet de sécurité. Son balancier, ce sont les flux d’un côté (la BCE les fournit) et les messages plaisants de la Fed de l’autre (impact baissier sur le dollar). Or les flux, ce devrait d’abord être ceux des profits – mais ils se contractent inexorablement. Les Banques centrales se relaient pour imprimer cet argent et promettre des taux toujours plus bas.
Résultats : la courbe des profits suit inexorablement celle des taux. La BCE et la BOJ regardent impuissantes le navire sombrer. Par contre, les multiples de valorisation des actions explosent et les marchés se frottent les mains !
Faisons un tour du côté des épargnants français.
La reconfiguration des crédits immobiliers vise surtout à relâcher l’étreinte de la dette… mais les faiseurs d’opinion sont prompts à confondre les sommes économisées avec du pouvoir d’achat supplémentaire.
La réalité perçue par la majorité des ménages (en dehors des plus fortunés) est que ce qui peut être économisé sur un crédit servira à peine à compenser la perte de rentabilité de l’épargne retraite et le coût de la dépendance.
En France, les sommes versées au titre des complémentaires vont être amputées de 15 à 18% en cas de cessation d’activité entre 62 et 65 ans. Et ce n’est qu’un épisode dans le processus de spoliation des pensions commencé il y a 20 ans ! Depuis 2012, celui-ci s’accélère avec l’instauration des taux zéro ou négatifs par la BCE.
Il émerge donc un « effet de richesse négatif » pour la majorité des futurs retraités, à part pour « les 1% » possédant 90% des actions.
Aux États-Unis, il faut rajouter le poids de la dette étudiante. Certes les taux sont bas, mais le fardeau à rembourser chaque mois augmente au fil des ans, à mesure que le coût des années d’université s’alourdit tandis que les salaires à l’embauche baissent.
Wall Street s’abstient obstinément de tenir compte de ce frein à l’épargne en actions. Résultat : plus de pensionnés à financer et de nouveaux entrants n’ayant pas les moyens de mettre un dollar de côté avant 30 ans.
Maintenant que la Fed n’injecte plus de cash, Wall Street doit se fournir en liquidités ailleurs. Après avoir siphonné les pays émergents en 2015, il s’attaque aux marchés européens. Ce n’est plus un problème d’anticipation conjoncturelle, mais une urgence quotidienne pour maintenir les indices américains au-dessus du sol !
Comme une étoile ayant épuisé ses réserves d’hydrogène, son enveloppe se dilate afin de collecter les atomes gravitant à sa périphérie. Elle finit par réabsorber et vaporiser les planètes les plus proches, puis trouvant de moins en moins de carburant – relativement à sa taille – à mesure que son diamètre augmente, la pression interne chute brusquement et elle implose.
Les cours ont repris leur expansion à Wall Street depuis le 11 février, mais les volumes sont en forte contraction et la hausse s’opère désormais au détriment de Tokyo et de l’Euro Stoxx 50. Tous les symptômes d’un astre mourant sont en train de s’enchaîner !