La dernière publication annuelle d’Edenred (FR0010908533), le spécialiste des tickets restaurants et des chèques cadeaux, mériterait d’être étudiée à Dauphine ou à HEC, tant elle est l’exemple même de la publication réussie. Je n’ai trouvé aucun point négatif dans toutes les annonces du mardi 20 février.
- Primo, le chiffre d’affaires 2017 progresse de 8,6% en organique, à 1,3 Mds€. Toutes les zones géographiques où le groupe est présent affichent une belle croissance, même en Amérique Latine (41% du chiffre d’affaires) qui dégage une croissance organique de 6,8%. Le Brésil n’inquiète plus, après des années de récession.
- Secundo, le résultat opérationnel se paye le luxe de progresser plus vite que le chiffre d’affaires, et porte la marge opérationnelle de 28,3% à 29,1%. Une marge énorme, digne des géants du luxe.
- Tertio, la situation financière ne cesse de s’améliorer : la dette nette rapportée à l’Ebitda est retombée à 1,4. La prochaine échéance de remboursement n’est qu’en 2025 et le taux moyen de son endettement est passé en un an de 2,5% à 1,8%.
- Enfin, les prévisions sont toujours bonnes : le groupe anticipe une augmentation de sa croissance organique de 7% sur 2018, pour un résultat opérationnel en hausse de l’ordre de 9%.
Alors question : comment la société a-t-elle fait pour afficher de si bons résultats ?
Eh bien, la stratégie de diversification de ses activités qu’elle a mise en place est toujours payante : les solutions de mobilité professionnelle (cartes-carburant, solutions pour les péages, les frais de parking ou encore le lavage) représentent maintenant 25% du chiffre d’affaires du groupe contre 14% il y a deux ans.
Le groupe a distribué 2,6 millions de cartes-carburant et solutions de péage l’année dernière ! Et fort heureusement, tout en multipliant et en diversifiant ses offres, Edenred a trouvé un moyen de d’améliorer la rentabilité – alors qu’en général, quand vous vous diversifiez, vous perdez en rentabilité. Et ça, c’est grâce au digital.
Les offres dématérialisées (tickets restaurant sur iPhone par exemple) représentent ainsi 76% du chiffre d’affaires du groupe contre seulement 58% en 2013. Il est indéniable que la montée en puissance du digital réduit les coûts de gestion et améliore de facto la rentabilité.
Rien d’étonnant à ce que le titre prenne 6,5% hier, et marque un plus-haut historique à 28,64 €.
Néanmoins, je pense qu’il faut être prudent et c’est le seul bémol que j’apporte à cette belle publication. L’action est très chère aux cours actuels.
En effet, elle se paye sur un PER de 26 et sur une VE/EBIT supérieure à 21. Certes, la qualité se paye en Bourse (je l’ai dit notamment dans le cas d’Hermès et d’Eurofins Scientific), et certes, forte de ces bons chiffres, Edenred a augmenté son dividende de 37%, à 0,85 € (rendement de 3% au cours actuel) : de quoi fidéliser les actionnaires…
Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Même en prenant des hypothèses hautes sur 2019 (marge opérationnelle autour de 32%), je tombe sur un PER de 21 et une VE/EBIT de 18. Difficile, oui vraiment difficile, de vous recommander le titre aux cours actuels. Il faut attendre une saine consolidation, susceptible d’amener le titre sur des niveaux inférieurs.