Quatrième séance consécutive de hausse pour l’action Air France-KLM (FR0000031122-AF), de nouveau très recherchée après la publication de comptes du deuxième trimestre meilleurs – ou plutôt moins mauvais – que prévu.
Le titre du transporteur franco-néerlandais s’adjuge environ 4% vers 15h10 pour repasser nettement au-dessus des 8€ dans des volumes très étoffés (un peu plus de 12 millions de titres échangés, contre grosso modo 3,5 millions à l’issue des séances de vendredi et de lundi). Il signe ce faisant la deuxième meilleure performance du SBF120.
« Quand une société cotée est malmenée, il suffit souvent d’une petite bonne nouvelle. Dans son cas comme dans d’autres, une seule étincelle peut suffire à provoquer un rebond qui peut être très important », écrivait dans ces colonnes mon confrère Gilles Leclerc le 16 juillet dernier à propos de Casino (FR0000125585-CO), qui s’apprêtait alors à publier ses revenus semestriels. La remarque vaut également pour Air France-KLM, valeur régulièrement massacrée par les investisseurs depuis le début de l’année (elle accuse encore une baisse de près de 40% par rapport à son niveau du 1er janvier), mais qui retrouve des couleurs.
Je vous dois donc un mea culpa dans la mesure où je m’attendais à un nouveau sabrage en règle, comme je l’avais clairement sous-entendu hier dans un article consacré à Lufthansa (DE0008232125-LHA).
Un bénéfice d’exploitation nettement supérieur aux attentes du consensus
Au contraire, Air France-KLM se tient très bien à la faveur d’une publication trimestrielle somme toute très honorable étant donné le contexte, marqué par un mouvement de grève d’envergure, un de plus, qui est allé jusqu’à faire douter la ministre chargée des Transports Elisabeth Borne de la survie même de la compagnie… En effet, le bénéfice d’exploitation est ressorti à 345 M€ au titre de la période avril-juin en données publiées, certes loin des 586 M€ du deuxième trimestre précédent, mais bien au-dessus des 247 M€ qu’anticipaient les analystes. Une très belle performance sachant que l’impact des grèves du printemps s’est élevé à 260 M€.
Celles-ci n’ont par ailleurs pas fait basculer Air France-KLM dans le rouge, le bénéfice net part du groupe s’étant établi à 109 M€, à comparer à 593 M€.
Autres bonnes nouvelles pour le transporteur : la recette unitaire, un indicateur toujours très suivi, s’est inscrite en hausse de 1,7% à changes constants à 6,6€ grâce à une bonne dynamique sur le segment premium, alors que la direction s’attendait à ce qu’elle soit stable ; tandis que le chiffre d’affaires a crû de 4% et que le nombre de passagers a augmenté de 0,8% à 26 millions.
Des comptes résolument solides donc malgré les arrêts de travail répétés, mais il faut toutefois se garder de crier victoire trop vite. Les revendications salariales, auxquelles l’ex-PDG Jean-Marc Janaillac n’a pas voulu céder, proposant un compromis qui a été récusé au terme d’un scrutin à l’issue violente, n’ont en effet pas disparu ; et une direction stable se fait toujours attendre…
Un contexte délicat mais des ratios attractifs
On ne se bousculera par ailleurs sans doute pas au portillon pour reprendre les commandes d’Air France-KLM, dont l’image a été gravement écornée au printemps, et le prochain PDG aura de toute évidence du pain sur la planche pour à la fois apaiser les tensions et continuer d’exister dans un univers éminemment concurrentiel.
Entre les low cost (nonobstant les déboires récents de Ryanair), les compagnies du Golfe et les autres « historiques », dont certaines font bien mieux que résister, le transporteur – qui réfléchit à une co-entreprise avec Air Europa et a considérablement renforcé ses liens avec Delta et China Eastern, tous deux entrés au capital l’an passé – va devoir relever des défis colossaux.
Dans l’immédiat, le titre revient sur des ratios attractifs, avec par exemple un PER de 6 et une VE/Ebit de 5. Prudence toutefois car l’édifice reste fragile…