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Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers
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◊ Re-profilage ou procrastination de la dette grecque
Nous avons droit à toutes les contorsions sémantiques depuis la mi-mai : alors que les taux à 10 ans grecs franchissent le cap des 17% (tandis que le « 2 ans » flirte avec les 27%) tous les sherpas de l’économie européenne (direction de la BCE, porte-paroles de Bruxelles, ministres des Finances et en particulier Mme Lagarde) martèlent que la dette grecque ne sera pas restructurée. Elle sera au pire « reprofilée », « rééchelonnée », « redimensionnée », « procrastinée » mais pas restructurée – ah non, ça jamais, ce serait la catastrophe des catastrophes !
Et comme « on » ne veut pas constater l’inéluctabilité de cette éventualité, tout le monde plonge la tête dans le sable. Et nous sommes priés de croire qu’il n’y aura aucun effet de contagion en cas de refus de consentir de plus grands sacrifices – au demeurant inutiles – de la part du peuple Grec. Ses dirigeants, en revanche, sont prêts à vendre le pays (via le programme de privatisation 2011/2015) aux inspirateurs du plan de soutien du FMI qui planent comme des vautours au-dessus des aéroports, des stades, et des complexes touristiques grecs.
Mais comment y croire ? En 72h la dette belge puis les 14 plus grands établissements financiers britanniques ont été placés sous surveillance négative par Moody’s… idem pour la dette italienne par Standard & Poor’s et enfin, la notation de la dette grecque a été abaissée de trois crans par Fitch (à l’équivalent de « junk bond » !). Les craintes sur la dette souveraine des pays périphériques de la zone euro gagnent les cinq continents : elles font désormais aussi bien la « une » des journaux économiques à Hong-Kong et à Shanghai qu’à Toronto ou São Paulo. Faut-il y voir comme une sorte d’avertissement ?
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◊ La paille grecque occulte la poutre américaine
Le problème ne devient sérieux que lorsque l’argent se fait rare ; le reste du temps, les marchés s’en fichent… Mais dans cinq semaines, le QE 2 de la Fed aura cessé d’inonder le marché en liquidités (et c’est elle qui rachète chaque mois 70% de la dette émise par le Trésor américain.
Rappelez-vous. Quand l’argent coule à flot, personne ne se soucie de rien – ni du niveau des déficits, ni de l’inflation, ni du risque de défaut de paiement sur les dettes souveraines. C’est ainsi que la notation du Portugal a été dégradée dans l’indifférence générale fin avril. C’est ainsi que l’Espagne triche sur le montant réel de sa dette en faisant comme si les centaines de milliards de créances immobilières douteuses portées par les Caisse Régionales ne bénéficiaient pas de la garantie tacite mais bien concrète de Madrid !
Vous le constatez comme moi tous les jours : depuis deux ans qu’il n’y a plus aucune corrélation entre le risque perçu (nié avec la plus évidente mauvaise foi) et l’évolution des indices boursiers : c’est la liquidité qui fait le marché. Le reste n’est que littérature. La semaine dernière, je vous écrivais d’ailleurs :
« Vu le grand écart entre les marchés et la réalité des données économiques, l’obnubilation haussière semble ne plus connaître de limites et la perte des repères finit par rendre admissibles les hypothèses les plus improbables. »
Le mois de mai 2010 avait été celui de la « crise grecque » : en 2011, la situation apparaît bien pire mais les marchés n’ont pas bronché. Nous n’avons même pas évoqué les doutes planant sur la croissance américaine ou chinoise à un horizon de six à neuf mois. Mais la météo boursière a juste commencé à se gâter le lundi 23. La paille grecque dans l’oeil européen occulte la poutre dans l’oeil américain ; certains acteurs économiques y sont plus sensibles que d’autres.
◊ Le Crédit Agricole : dans la ligne de mire des marchés
Alors, les rumeurs vont bon train concernant certaines banques françaises ou franco-belges. Le cas de DEXIA (BE0003796134 – DXB), par exemple, est intéressant mais son profil est trop particulier pour constituer une « référence ». Regardons donc les institutions qui ont investi en Grèce : celle qui nous intéresse au tout premier chef constitue en quelque sorte le témoin privilégié et le baromètre avancé de tous les périls qui menacent les détenteurs d’actifs grecs (dette publique comme dette privée). Vous vous en doutez, c’est le CREDIT AGRICOLE (FR0000045072 – ACA).
Nous n’avons aucun grief contre cet établissement. Nous n’accusons pas ses dirigeants d’avoir fait de mauvais choix (d’autres en ont commis de bien pires) mais nous observons que la « banque verte » est l’une des plus voyantes parmi les « victimes des circonstances »… C’est celle que le marché a dans le collimateur depuis plus d’un an, au travers de sa filiale Emporiki (bientôt radiée de la cote à Athènes).
Observez comment le titre a été systématiquement vendu depuis janvier 2010 chaque fois qu’il s’est approché des 13,5 euros. Il ne parvient plus à se hisser au-dessus des 13 euros depuis la mi-avril 2010 et a été matraqué durant deux mois, chutant jusque sous les 8 euros début juin. Plus symptomatique encore, le CREDIT AGRICOLE s’est mis à plafonner sous les 12,2 euros fin septembre 2010 ; puis de nouveau début novembre (sous les 12,6 euros cette fois-ci) alors que les indices boursiers s’abandonnaient à l’euphorie haussière impulsée par la Fed qui venait de se résoudre à mettre sur pied un QE 2.
Alors que le CAC 40 reprenait 15% entre mi-août et la mi-décembre, le CREDIT AGRICOLE chutait d’autant sur la période (entre 11,25 et 9,50 euros) et terminait l’année sur une perte globale de -23% (contre -3% pour le CAC 40).
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Les fluctuations du CREDIT AGRICOLE semblent calquées sur l’évolution des emprunts à 10 ans grecs (plus leur rendement grimpe, plus leur valeur nominale chute). Mais si la banque était véritablement le reflet inversé des taux grecs, son cours serait aujourd’hui bien inférieur au plancher historique des 6 euros de mars 2009. Heureusement que tout ne fonctionne pas de façon aussi mécanique !
Le titre nous apparaît cependant en fâcheuse posture depuis le lundi 23 mai – c’est-à-dire depuis l’ouverture d’un gros gap sous les 10,80 euros : il pulvérise le support oblique des 10,75 euros, ce qui valide un beau signal de consolidation.
Dans la version la plus optimiste, CREDIT AGRICOLE se contenterait de revenir au contact des 10,65 euros (plancher du 19 avril) ; mais la vélocité baissière qui reprend soudain le dessus laisse craindre que la glissade se prolonge sur les 10 euros… voire le plancher annuel des 9,30 euros si la crise grecque rentre en phase aigüe…
… ce à quoi nous nous attendons, évidemment.
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