Le marché des changes est un marché dangereux
De nombreux particuliers l’ont appris à leurs dépens lors de l’annonce de la fin du « taux plancher » pratiqué par la Banque nationale Suisse. Cet évènement a fait perdre des millions d’euros à des apprentis traders qui, fort de leurs certitudes, avaient parié que la BNS continuerait indéfiniment de maintenir son seuil de parité artificiel entre le Franc suisse et l’Euro.
Ce récent exemple doit vous rappeler que chaque action que vous décidez sur les marchés, qu’il soit sur le Forex ou pas, peut vous causer une perte, et que celle-là peut parfois se révéler incontrôlable…
C’est pour cette raison que j’ai toujours prôné un trading à faible effet de levier et utilisant des stratégies simples, compréhensibles par tous et n’ayant pour fondement qu’un peu de bon sens.
Votre job de trader, c’est de gérer le risque et les probabilités. Le reste, votre éventuelle réussite et le montant de vos gains, c’est le marché qui seul qui en décide.
Règle N°1 : gérez d’abord vos pertes, et non vos gains
Actuellement, je forme un groupe d’une cinquantaine de personnes.
Lors de notre dernier cours, nous avons travaillé la notion de probabilités en étudiant le problème de Monty Hall. Et comme souvent, je me rends compte que de nombreux investisseurs abordent les marchés avec un regard biaisé, déjà enclin à perdre une bonne partie de leur capital.
En effet, de nombreux débutants essaient de gagner le plus souvent possible. Mais ils oublient trop souvent qu’il faut que leurs gains soient plus importants que leurs pertes pour créer un réel profit.
Source : David Rodriguez (Analyste FX)
Une statistique a démontré que le taux de réussite des particuliers sur le Forex est de 60 à 75% sur certaines devises. Cela traduit que l’analyse est bonne.
Là où ça se complique, c’est que ces gains, pourtant fréquents, sont deux fois moins importants en valeur absolue que les pertes. Cela se traduit par des performances négatives, malgré ce qui peut sembler une bonne approche.
Alors, quitte à se tromper plus souvent, essayez de laisser vos gains s’accumuler quand vous avez une position gagnante. Et même si cela peut parfois sembler frustrant, c’est la seule solution pour gagner à long terme.
Règle N°2 : la tendance est votre amie, mettez vos chances de votre côté
« Trend is your friend » comme disent les anglo-saxons. Et cela reste toujours vrai.
Un des biais les plus courants chez l’investisseur est de tenter de trouver le point extrême d’une tendance. Vendre au plus haut et acheter au plus bas, telle est la quête du Graal pour les novices.
C’est en fait surtout le meilleur moyen de ruiner son capital en s’entêtant à vouloir avoir raison face aux forces obscures du marché.
Il faut rester pragmatique. Le meilleur exemple est sans doute la hausse des actions que nous connaissons actuellement.
Cette hausse atteint des sommets, et n’est basée que sur l’anticipation des mesures monétaires promises par la BCE – mesures qui se révèleront sans aucun doute inefficaces en Europe (ce n’est pas à un lecteur des Publications Agora que je vais apprendre cela) – et par l’anticipation de résultats d’entreprises futurs bien au-delà du raisonnable étant donné la difficulté structurelle de nos pays à retourner à une croissance forte.
Toutefois, les indices montent et, du Dax au CAC40 en passant par le S&P500, les plus hauts s’enchaînent dans cette situation, vous hésitez à acheter, certes ; mais vous ne vous positionnez pas short pour autant. C’est chaque jour le même dilemme : comment acheter sur ces plus-hauts ? Gilles Leclerc, pourtant trader professionnel aguerri, décide justement « de ne rien faire ». Un bon conseil : faites comme lui, restez pragmatiques. Point. N’anticipez rien, ne croyez rien, ne préjugez de rien sur les marchés.
Sur le Forex, la tendance est à la hausse du billet vert et, ici encore, de nombreux investisseurs se sont ruinés en pariant sur un retournement de cette tendance depuis des semaines. Dommage, car le retournement qu’ils attendent n’a sans doute jamais été aussi proche (Eh oui, chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de la fin…), mais ils ne seront peut-être plus en mesure d’en profiter si, entre-temps, leur capital a entièrement fondu !
Pourtant, il existe une solution simple pour mettre les probabilités de votre côté, et rester dans le sens de la tendance : utilisez l’indice de force relative des devises comme je vous le montre un peu plus loin.
Règle n°3 : Soyez un bon négociateur !
Que vous traitiez des devises, des actions ou des matières premières, vous ne devez avoir qu’un seul but : acheter et vendre au meilleur prix dans un environnement donné. Comme dans tous les rapports commerciaux, c’est souvent le nombre qui fait le prix.
Plus les investisseurs sont nombreux à demander un prix donné, plus il sera pertinent. D’où l’importance des volumes que Gilles vous a maintes fois démontrée. L’analyse graphique vous permet de définir ces seuils optimaux de prix en repérant les supports et résistances.
La discipline est le maître mot. Ne payez pas un actif plus cher que ce que la masse de gens est prête à payer.
Prenons un exemple concret et simple : regardons l’indice de force à long-terme.
Nous constatons facilement la prédominance de la hausse du Dollar US (en rouge).
Pour résumer nous avons :
- 2 devises fortes : le Dollar US et la Livre sterling (en vert)
- 1 devise en cours de normalisation avec le France Suisse (bleu clair)
- 3 devises en léger repli qui consolident : le Dollar néo-zélandais (noir), le Dollar canadien (orange) et le Yen (mauve)
- 2 devises faibles : le Dollar australien (gris) et l’Euro (bleu).
En se penchant sur la situation à plus court-terme, nous constatons d’abord que la tendance manque avec une phase de consolidation sur la plupart des devises comme le Dollar US, Dollar CAD, l’Euro ou encore le Yen.
En revanche, la Livre Sterling confirme sa bonne santé tout comme le Dollar néo-zélandais.
Un autre phénomène est le Dollar australien qui se reprend bien à court-terme et pourrait donner un signal de retournement. Le Franc suisse, lui, corrige proportionnellement à sa forte hausse.
La situation est donc désormais plus claire pour le trader :
- Devise à acheter : Livre Sterling, Dollar Néo-Zélandais et un potentiel retournement sur le Dollar australien.
- Devises à vendre : Nous privilégierons l’Euro qui reste en territoire négatif, le Yen et le Franc Suisse (avec prudence étant donné la conjoncture).
Il ne nous reste plus qu’à définir les seuils d’intervention.
Comment définir vos seuils d’entrée
Suite à l’analyse de la tendance ci-dessus, je sélectionne une paire (il y en avait plusieurs) qui sera EURGBP (Vente Euro contre Livre Sterling).
Ce cas est intéressant car la tendance est déjà bien en place et je suis sûre que de nombreux traders pourraient hésiter à entrer, ou bien finalement entrer avec un mauvais timing.
Ici, le biais baissier est net. Nous vendrons.
- Les seuils de prix optimaux se situent sur les lignes blanches à 0.7405 et 0.7593 pour les ventes sur rebond. Le seuil de 0.7240 sera vendu en cas d’accélération sur cassure (breakout).
- La zone d’invalidation se situe à 0.7765. Ce seuil d’invalidation doit être assez éloigné pour laisser le marché « respirer » mais être ajusté au fur et à mesure de l’évolution. Enfin, l’objectif théorique, même si je n’aime pas brider, les gains, sera à 0.6990, un seuil de support historique. Toutefois, si les prix devaient arriver sur cette zone, ne coupez pas vos gains et laissez une chance à la tendance. Ce seuil sera juste un signal de vigilance pour alléger ou protéger votre position.
Conclusion : choisissez votre camp !
Je le dis souvent, le trading doit rester simple (dans sa technique, sa réalisation) mais n’est jamais facile (en terme de rigueur et de comportement).
Dans notre plan de trade, rien ne dit que le scénario envisagé va se produire. Sinon ce serait bien trop facile et c’est cette incertitude qui fait la nature même du trading. Toutefois, en me mettant dans le sens de la tendance, en cherchant des prix optimaux, j’ai favorisé les probabilités de réussite.
Cette stratégie simple ne peut donc pas écarter le risque d’échec sur cette position et c’est là que le money-management prend tout son sens. J’y reviendrai…
A ce jour, les tendances fortes ont consommé une bonne partie de leur potentiel. Toutefois, elles ne semblent pas non plus prêtes à se retourner véritablement. Ainsi, le trader est pris entre deux feux :
- D’un côté, il doit chercher à réduire son risque en restant dans le sens de la tendance mais il n’a alors qu’un potentiel de gains limité.
- De l’autre côté, trouver les points de retournement pour entrer à contre-tendance… est super risqué… mais le potentiel est bien plus important.
Choisissez votre camp, moi j’ai choisi le mien, comme vous l’avez compris !
Bons trades
Jérôme Revillier
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