Pour rebondir sur l’excellente analyse que Philippe Béchade (Que signifie l’effondrement des volumes), l’analyse des volumes est un aspect essentiel permettant de comprendre ce que font les marchés.
Je vais commencer simplement par vous poser quelques questions :
- Que pensez-vous d’un marché, d’une action ou d’un indice dont les cours montent, alors que les transactions, c’est-à-dire les volumes, sont en diminution ?
- Est-ce un signe de confiance ? Est-ce la preuve d’une réelle conviction (consensus de marché) qui pousse les investisseurs à participer activement à un rally ?
- Ou est ce signe d’une méfiance partagée qui pousse une majorité des intervenants à s’abstenir ?
- Et dans ce cas, prendriez-vous position sur un marché qui grimpe mais uniquement à cause de l’abstention de la majorité – et donc d’achats sporadiques effectués par un petit bataillon d’acheteurs envoyés en éclaireurs pour sonder le terrain ?
- Ou décideriez-vous de laisser le bataillon d’éclaireurs avancer seul jusqu’aux lignes ennemies et risquer sa peau (ou son capital) en cas d’embuscade ?
C’est en tout cas les questions que je me pose quand je détecte une opportunité : si une hausse ou un signal de hausse se manifeste mais sans consensus validé par des volumes, je laisse passer en préférant me concentrer sur d’autres opportunités qui en valent la peine – ou tout du moins qui ne présentent pas de risque visible d’embuscade.
L’analyse des volumes est passionnante. Elle permet de comprendre la psychologie du marché et de ses intervenants, leurs tactiques et leurs stratégies.
Mais les outils généralement utilisés pour analyser les volumes sont souvent bien trop basiques et ne permettent pas de réellement COMPRENDRE les signaux que nous donne le marché.
Dans un webinaire qui sera mis à votre disposition d’ici quelques jours, je vous expliquerai quels outils j’utilise pour justement permettre une lecture simple des volumes de transaction sur un marché et donc de comprendre sa stratégie globale et accessoirement les risques d’embuscade que l’on vous tend.
Un exemple simple d’un des outils de base qui sert de support à l’un de ces indicateurs que j’ai élaborés vous est donné dans ce graphe.
C’est un graphe journalier de l’Eurostoxx50 Futures.
Les prix sont représentés non pas en chandeliers Japonais mais tiennent compte des volumes d’échange qui prennent place dans chaque bougie. Autrement dit, la LARGEUR de la bougie est fonction du volume d’échange.
Bougie large ? Il y a du monde qui intervient, les transactions sont nombreuses. Il y a consensus. Bougie fine ? OK, les prix bougent mais sans appui des volumes, sans marché.
L’intérêt des volumes ?
Si vous regardiez la cassure haussière de la résistance (rectangle violet) de la zone des 3180 points à l’aide d’une représentation conventionnelle, vous vous diriez « youpi, cassure d’une résistance, c’est un signal haussier, j’y vais ! ».
Maintenant, en « bougie / volumes » (mon graphe), qu’observez-vous ?
Oui, il y a bien une cassure de la résistance… mais avec aucun taux de participation insignifiant !
Normalement, une cassure de résistance doit se faire de pair avec une poussée des volumes qui montre la conviction du marché – ou plutôt de ses opérateurs. Car comme disent les anglo-saxons et la théorie du Dow : volumes must confirm the trend
Là, de toute évidence, le marché n’y croit pas, ne valide pas le mouvement.
Regardez comment les bougies d’accélération qui se mettent en place lors de la cassure sont toutes petites et étroites.
Prenez aussi une seconde pour regarder comment la représentation conventionnelle des volumes vous permet d’apprécier de quoi est fait le marché : les barres verticales rouges sont les bougies de baisse, les vertes, les bougies de hausse.
Depuis le début de l’année, quelles sont les plus hautes ? quelles sont les plus larges ? Les bougies baissières sur les volumes…
Cela montre que si l’Eurostoxx50 est haussier en termes de prix, les bougies baissières sont beaucoup plus fournies et appuyées.
Le marché serait-il en train d’effectuer une rotation baissière, c’est-à-dire de solder ses positions haussières – voire de commencer à vendre à découvert l’Eurostoxx ?
A retenir :
- Le signal de cassure de la résistance des 3180 est typiquement le genre de signal que je laisse passer sans surtout y toucher ;
- Dans le meilleur des cas, le signal est instable et fragile ;
- Dans le pire des cas, c’est un piège, une embuscade sciemment préparée par les « grosses mains » pour appâter le poisson et ramasser la mise lors du prochain retournement.
Que voulez-vous… pour que quelqu’un gagne de l’argent sur les marchés, il faut que quelqu’un perde. Pour qu’une transaction se fasse, il faut un acheteur ET un vendeur. Et pour être un peu plus cru dans ma façon de voir les marchés :
Les prix, c’est ce qu’ils (Ils = les grosses mains qui font le marché) vous racontent. Les volumes, c’est ce qu’ils FONT RELLEMENT.
Si ce genre d’approche vous intéresse, je vous donne rendez-vous dans le webinaire de la semaine prochaine qui sera donc consacré à l’analyse des volumes et aux indicateurs / stratégies que j’ai développés justement pour échapper à ce genre d’enfumage. Et ne monter aux arbres… que si le tronc est solide !
Bon week-end,
Gilles,