Passer d’un statut officieux d’icône des marchés à celui, beaucoup moins glorieux, de mouton noir… C’est en substance ce qui arrive à Tarkett (FR0004188670-TKTT) depuis le début de l’année.
L’action du spécialiste de la fabrication et de la commercialisation de revêtements de sols et de surfaces sportives accuse une baisse de 38% à compter du 1er janvier. Déjà fragilisée, elle ne parvient pas à rebondir depuis l’annonce inattendue du départ de son président le 19 septembre dernier.
Glen Morrison a en effet décidé de quitter l’entreprise, exclusivement pour des raisons personnelles. Et si son remplaçant Fabrice Barthélemy, membre du directoire depuis 2008, connaît de facto parfaitement les arcanes du groupe, une défection soudaine n’est jamais un signal encourageant pour les investisseurs…
Rappelez-vous par exemple les déboires boursiers de Nexans à la suite de la démission surprise (là aussi « pour des raison personnelles ») de son directeur général Arnaud Poupart-Lafarge en mars dernier. HSBC avait d’ailleurs ramené son objectif de cours de 30 à 24€ dans le sillage de cette annonce.
2018, année de compression des marges
Concernant Tarkett, le newsflow n’est décidément guère encourageant. Le groupe doit digérer la récente acquisition de Lexmark, un spécialiste américain des moquettes d’hôtellerie, mais cette acquisition plutôt relutive ne doit pas masquer ses difficultés actuelles, avec notamment une forte hausse des coûts de matières premières et de transport qui à court terme pèse sur les marges du groupe.
Dans un secteur très concurrentiel, Tarkett ne dispose pas de ce fameux « pricing power » qui permet de faire passer des hausses de prix sans se soucier des autres acteurs.
Lors de sa dernière publication semestrielle, au demeurant plutôt correcte, la société a par ailleurs fait savoir que son Ebitda annuel pourrait être grevé à hauteur d’environ 45 M€, dont 35 M€ liés aux matières premières et 10 M€ au transport. Autant dire que 2018 a donc toutes les chances d’être une année de compression des marges, ce que semblent du reste largement anticiper les gérants.
Reste à se demander ce qu’il faut faire en Bourse sachant que le titre est revenu sur une VE/CA de 0,6 et sur une VE/Ebitda de 6… Il est évident que ce n’est pas cher, surtout si l’on se réfère à ce dernier ratio, très utilisé dans le secteur, mais il subsiste encore beaucoup d’interrogations autour de la société.
Et puis dans le monde actuel des mid caps, avec des gérants toujours aux abonnés absents, il n’est pas facile de rebondir après un newsflow assez compliqué. Je vous suggère donc de temporiser et d’attendre les prochaines annonces avant d’éventuellement revenir sur le dossier.