Cette première séance boursière de l’année 2019 aura été pour le moins animée, avec presque autant de rebondissements et de coups de théâtre indiciels en quelques heures que durant toute la dernière quinzaine du mois de décembre. Tout s’est accéléré hier en fin de soirée avec le brutal décrochage du yen face au dollar. La devise japonaise aura ainsi lâché 2% face au billet vert en l’espace de 48 heures. Un peu plus tôt, c’était l’euro qui avait abandonné plus de 1,1% face au dollar le temps d’un après-midi, chutant sous les 1,134$.
Quand les portes de saloon commencent à battre à toute volée dans le compartiment « devises », quand le FOREX se transforme en champs de mines, c’est que le chaos n’est plus très loin de se propager à toutes les autres classes d’actifs.
C’est souvent le signal pour les banques centrales qu’il est temps d’intervenir afin de calmer le jeu, de siffler la fin de la récréation pour les champions de la spéculation lors des épisodes de « fast market » (succession de mouvements violents que seuls les systèmes algorithmiques les plus performants aux mains des plus puissants intervenants sont capables d’exploiter sans se faire étriller par le marché).
De nouveau en territoire négatif ce jeudi matin, l’évolution du CAC40 hier a démontré que le passage en 2019 ne s’est pas traduit, loin de là, par la disparition de la volatilité et de la nervosité des investisseurs. L’indice a ainsi cédé quelque 3% (140 points) en mode « toboggan » en à peine six heures sur les « futures » (entre 3 heures et 9H30 du matin).
L’avertissement d’Apple sur ses ventes a pesé sur le moral
La plus belle séquence « portes de saloon » est cependant à mettre au crédit de Wall Street, avec un Dow Jones qui s’est replié de 1,5% dans les premiers échanges, une perte effacée entre 15h45 et 21h45 avant une clôture quasi-« flat » (+0,08%)… et un décrochage de 350Pts (sous les 23 000 points) une heure après la clôture !
Quant au gain de 0,45% enregistré par le Nasdaq mercredi soir, il n’existait plus dès 22H45. Et pour cause : l’action Apple (US0378331005-AAPL) a dévissé de près de 8% (vers 1 045$) après un sévère profit warning concernant ses ventes durant la période des fêtes, avec un chiffre d’affaire revu à la baisse de près de 8% pour le quatrième trimestre 2018 (en fait son premier trimestre fiscal), de 91,5 à 84 Mds$.
La marque à la pomme a déploré une faiblesse de la demande d’iPhones de part et d’autre de l’Atlantique, mais, à en croire Tim Cook, c’est d’abord la baisse de la demande en Chine qui explique cette déconvenue. Une confirmation, si besoin était, que la guerre commerciale qu’a déclaré Donald Trump à l’Empire du Milieu pèse sur la conjoncture du pays le plus peuplé du monde…
Pour rappel, Pékin avait accédé début décembre à la demande du fournisseur de logiciels d’exploitation Qualcomm (US7475251036-QCOM) de bloquer la vente en Chine d’une série de modèles d’iPhone (le 6s, l’iPhone 6s+, iPhone 7, iPhone 7+, iPhone 8, iPhone 8+ et iPhone X). En réalité, tous ces modèles ont continué à être commercialisés, mais il est possible que les ventes s’en soient trouvées un peu altérées et l’affaire demeure quoi qu’il en soit préjudiciable en termes d’image.
Le fait qu’Apple ait émis un avertissement sur ses ventes est au surplus un événement rarissime depuis 15 ans (cela ne s’était même jamais produit depuis le lancement du premier iPhone en 2007) et l’impact psychologique de ce raté a été considérable, comme en témoigne la capitalisation du titre, passée de 1 050 Mds$ le 2 octobre à moins de 700 Mds$ trois mois plus tard.
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a dévissé de près de 8% (vers 1 045$) après un sévère profit warning
A ce cours, c’est rie 8%