Le rally de +15 à +19% des principaux indices américains en l’espace de six semaines va-t-il se conclure par une « consolidation à plat », avant de trouver un second souffle avec l’annonce en grande pompe par Donald Trump de la capitulation de Pékin dans la guerre commerciale qui met aux prises les Etats-Unis et la Chine depuis de longs mois ?
L’Empire du Milieu finira-t-il par accéder à toutes les exigences de la Maison Blanche et par tourner les pages de la concurrence déloyale et du pillage de la technologie américaine ? Laissera-t-il les « bon emplois » refranchir le Pacifique d’Ouest en Est ?
Car pour les « permabulls », la crise d’angoisse de décembre résulte d’une interprétation par trop pessimiste de signaux économiques certes un peu moins robustes à (et depuis) l’automne dernier, sur fond de mauvaise extrapolation de la politique monétaire de la FED… laquelle vient de leur donner raison en récusant toute initiative plus restrictive dans un avenir proche.
Et si le dynamisme du marché du travail est le véritable baromètre de la santé de l’économie américaine, alors le chiffre des créations d’emploi au titre du mois écoulé doit nous rassurer: même en plein « shutdown », les entreprises américaines sont parvenues à recruter deux fois plus – en janvier donc, mais aussi en décembre 2018 – que la France sur une année entière (260 000, contre 130 000 selon les données de l’INSEE pour l’emploi dans le secteur privé).
Le secteur des jeux vidéo douche l’enthousiasme collectif…
Wall Street aurait pu facilement aligner une sixième séance de hausse consécutive s’il n’y avait eu ces trois gros gadins dans le secteur des jeux vidéo, pénalisé hier par les mauvais comptes trimestriels de Take Two (US8740541094-TTWO) (-13,8%) et d’Electronic Arts (US2855121099-EA) (-13,3%), ce qui a plombé leur concurrent Activision Blizzard (US00507V1098-ATVI) (-10,3%) qui ne publiera pourtant ses trimestriels que la semaine prochaine.
Sans ce trio, le S&P500 n’aurait eu aucun mal à accrocher les 2 740 points et le Nasdaq aurait pu « verrouiller » un gain annuel de 10%.
Mais des replis de l’ordre de 13 ou 14% en réaction à une simple « déception », n’est-ce pas, tout compte fait, un signe de vulnérabilité ? Ou n’est-ce pas la preuve que s’agissant des smartphones, des jeux vidéo ou encore du sportswear haut de gamme, l’expansion du chiffre d’affaires dans des pays à fort pouvoir d’achat se heurte désormais à l’incapacité de quantité d’acheteurs à faire face au prix demandé, quand bien même le produit serait bien supérieur techniquement et qualitativement à la version précédente ?
Mais Apple reprend du poil de la bête
Car l’envie de consommer, de rester « hype » et de coller à la tendance perdure… mais les salaires ne suivent pas – loin de là – la hausse du prix des iPhone et autres « sneakers » (NDLR : il s’agit de baskets de streetwear en série limitée).
Et que dire de Tesla (US88160R1014-TSLA) qui a une nouvelle fois réduit de 1 000$ le prix de vente de sa Model 3, mais qui soutient mordicus que sa clientèle se l’arrache et que la difficulté première reste de livrer assez de véhicules, dont beaucoup doivent repasser par l’atelier peinture !
Ce constat général ne semble cependant pas émouvoir outre mesure les investisseurs, comme le démontre la hausse de 13% de l’action Apple (US0378331005-AAPL) en une semaine après la publication de ventes en net repli au quatrième trimestre. Moyennant quoi, la marque à la pomme a repris hier le leadership mondial en termes de capitalisation boursière (821,5 Mds$, juste devant Microsoft et Amazon).
En réalité, il est bien difficile d’établir si la hausse du titre est liée à ses perspectives commerciales ou au fait que la logique quantitative reprend ses droits, avec l’obligation de regarnir les portefeuilles dans l’urgence via des ETF pour lesquels le ramassage commence par les plus grosses « capis ». D’où peut-être la surperformance de 10% des GAFAM depuis le 1er janvier par rapport au Nasdaq.