Le 9 novembre 2012, j’expliquais dans l’un de mes articles que contrairement à la parabole de David contre Goliath, le petit Archos (FR0000182479) ne battra jamais le géant Apple (NASDAQ: AAPL). A l’époque, la capitalisation boursière de Archos s’était effondrée à 74 M€. Depuis deux ans et demi, les choses ne se sont pas vraiment arrangées avec une valorisation autour des 60 M€ et un newsflow assez médiocre.
Que nous disent les derniers résultats ?
L’exercice 2014 a été moyen – pour ne pas dire de pire en pire – avec une baisse de 8% du chiffre d’affaires à 132,1 M€ et une marge brute qui navigue autour des 17%. Certes, en termes de rentabilité, c’est pas mal… mais au final, le résultat est dans le rouge. La perte nette atteint 13 M€ sur l’exercice contre seulement 1,4 M€ en 2013. Sur les cinq dernières années, la société a ainsi perdu 48 M€, ce qui est considérable.
Très franchement qui achète des smartphones Archos ? Je ne connais personne autour de moi possédant un appareil de la marque française.
Un redressement par le choix du low cost ?
Pour essayer d’inverser la tendance, la société a décidé de se positionner clairement comme un acteur des smartphones low-cost.
Ainsi, à partir de juillet 2015, elle proposera une nouvelle gamme de smartphones à des prix allant de 99,99 € à 119,99 € et ce, en incluant une offre de remboursement de 30 €…
Peut-être ces nouveaux téléphones convaincront-ils une nouvelle population mais alors… qu’en sera-t-il de la rentabilité du groupe ?
Certes, le chiffre d’affaires va peut-être progresser… mais alors adieu aux 17% de rentabilité ! (on retouve, là encore, toujours le même dilemme des PME : privilégier le volume, le chiffre d’affaires ou bien la rentabilité ?). Selon moi, il y a là un réel danger pour l’entreprise. En même temps, elle ne pouvait de toute évidence pas continuer sur la même lancée : elle était de toute façon condamnée.
Le groupe a également développé une gamme de tablettes destinées à l’éducation nationale, avec une ergonomie adaptée aux élèves, une autonomie supérieure à 8 heures, et à des prix extrêmement compétitifs. Les tablettes fonctionnent sous Android ou Windows. Le groupe a ainsi pu se positionner comme acteur majeur du secteur de l’éducation en France mais, là encore, quelle rentabilité est à espérer de la conquête d’un tel marché ? On connait les largesses de l’Etat sur le budget de l’Education nationale…
Autre tentative : Archos est parti à l’assaut de certains pays comme l’Egypte, le Sénégal ou le Nigéria. Mais, là encore, les contrats conclus dans ces pays sont-ils rentables ?
Ne pouvant de toute évidence pas concurrencer Apple et Samsung, même sur son marché national, le groupe français essaye de percer d’autres marchés, de développer d’autres produits… comme dans une dernière tentative avant de lâcher l’affaire.
Pourtant, on voit un petit sursaut : le premier trimestre a été marqué par une progression de 17% du chiffre d’affaires (à 35 M€) mais cette progression est due essentiellement à la hausse de 77% des volumes de ventes dans le reste du monde (hors France et Europe). Il n’y a aucun chiffre concernant la rentabilité mais je serais curieux de connaître la connaitre, notamment dans les pays d’Afrique…
De toute façon, ces opérations internationales nécessitent beaucoup de cash et risquent d’entrainer des problèmes de gestion dubesoin en fonds de roulement.
Le marché abandonne aussi Archos
Archos vient de boucler un placement privé de 14 M€ (je n’aime pas ce type de financement comme vous le savez). L’opération mêle obligations convertibles et bons de souscription d’action, se déroulera sur une période de trois ans et… implique encore une dilution supplémentaire pour les actionnaires existants. Comme si, avec 97% de perte en 9 ans, les actionnaires n’avaient pas été assez rincés.
Quoi qu’il en soit, la spéculation se dégonfle sur le titre. Il y a quelques années, il n’était pas rare d’avoir des séances à 500 000 titres échangés. Lorsque je regarde les cinq dernières séances, on est plutôt sur une moyenne de 60 000 titres. Les investisseurs ont eux aussi lâché l’affaire, et préfèrent sans doute se reporter sur des biotechnologies. Ce n’est évidemment pas de bon augure… et je pense qu’Archos est proche de la fin de l’histoire.