Wuhan. Située à 800 kilomètres à l’ouest de Shanghai, la principale mégapole de la Chine centrale, par ailleurs capitale de la province du Hubei, compte 11 millions d’habitants.
Plus grand port fluvial de l’Empire du Milieu, fief de PSA dans le pays depuis 1992 (le constructeur automobile y possède plusieurs usines et a ouvert la voie à l’implantation d’autres sociétés françaises), la ville s’est récemment forgée une notoriété internationale dont elle se serait volontiers passée en étant l’épicentre de l’épidémie de coronavirus.
Un coup dur pour un grand nombre d’entreprises hexagonales, sachant qu’elle concentre à elle seule 40% des investissements français en Chine.
C’est donc en 1992 que PSA s’est implanté à Wuhan, en choisissant comme partenaire le groupe Dongfeng, deuxième constructeur national, pour produire ses véhicules dans le pays. Plus d’un quart de siècle après, la marque au lion a fait du chemin.
Elle compte en effet trois usines qui emploient quelque 2 000 employés dans la mégapole et sa capacité de production s’élève désormais à 750 000 unités par an.
PSA a par ailleurs entraîné d’autres entreprises du secteur dans son sillage, parmi lesquels ses compatriotes Valeo, Faurecia et Plastic Omnium, trois équipementiers cotés qui ont été chahutés l’an passé en Bourse en raison de la guerre commerciale sino-américaine, mais aussi General Motors et Renault, dernier arrivé en 2016.
Résultat des courses : Wuhan compte désormais neuf sites d’assemblage et le secteur automobile représente 40% de la centaine d’entreprises françaises basées dans la ville.
Coronavirus : un impact difficile à mesurer
Alors que Wuhan est aujourd’hui sous quarantaine, le spectre d’une débâcle économique plane, d’autant que le marché automobile chinois, le plus important au monde, donne des signes très concrets d’essoufflement.
Pour la première fois depuis les années 1990, l’Empire du Milieu a ainsi déploré une chute de ses ventes de voitures en 2018 (-2,8%), laquelle s’est accentuée en 2019 (-8,2%). Imputé au ralentissement économique et à la joute commerciale entre Washington et Pékin, il devrait perdurer cette année. Les experts tablaient en effet sur une nouvelle baisse de 2%… avant que le monde ne prenne connaissance de l’apparition d’un nouveau SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère).
Avec le prolongement des congés du Nouvel An chinois du 2 au 13 février (une mesure décidée par les autorités pour retarder la réouverture des commerces et tenter de limiter la propagation de l’épidémie), les répercussions sur les entreprises françaises de la région restent difficiles à mesurer pour le moment.
« Pour l’instant, la mise sous quarantaine de Wuhan ne change rien car nos sites étaient fermés pour le Nouvel An chinois », a rapporté une porte-parole de Valeo, en précisant que la société se conformera aux consignes du gouvernement pour la remise en marche de ses sites.
Ce sont néanmoins les conséquences à moyen terme que craignent les patrons d’entreprise.
Entre le manque de main-d‘œuvre attendu à la suite du rapatriement des ressortissants (38 expatriés français pour PSA, 50 pour Renault), l’épuisement des stocks, et les problèmes d’acheminement et de livraison avec l’impossibilité de rentrer et de sortir de la ville, les entrepreneurs sont dans le flou total.
Les propos de Bernard Arnault, patron de LVMH qui possède une boutique à Wuhan, illustrent ces craintes à venir : « si ça dure deux mois, deux mois et demi, ça ne sera pas terrible. Si ça devait durer deux ans, ce serait une autre histoire. »
On ne saurait lui donner tort.
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