Sale temps pour Bic (FR0000120966-BB), dont le titre a reculé de près de 19% depuis le début de l’année. Lourdement sanctionné après ses comptes semestriels (-9,9% vendredi à la clôture), l’action du spécialiste des produits jetables – dont la capitalisation boursière est nettement repassée en dessous des 4 Mds€ –, n’est pas parvenue à rebondir depuis.
S’il n’y pas eu cette fois de profit warning, contrairement à ce qui s’était produit en février dernier en marge des résultats de l’exercice clos, Bic continue toutefois de susciter la défiance de la communauté financière sur le front de la rentabilité.
Celle-ci a en effet une nouvelle fois reculé dans le segment Briquets et dans une moindre mesure dans la branche Papeterie au 30 juin, avec de surcroît un recul de respectivement 4,5 et 1,4% des revenus en organique, alors que le marché visait +0,7 et +1,2%.
Au global, les revenus de Bic se sont repliés de 1,9% en comparable (-10,5% en publié) à 959,3 M€ à l’issue de la première moitié de l’exercice, tandis que le bénéfice d’exploitation normalisé s’est inscrit en baisse de 38,3% à 119,5 M€, soit une marge d’exploitation normalisée de 19,6%, à comparer à 20,3%.
▶ Les marchés américain et brésilien restent fragilisés
Le groupe est victime de la conjonction de plusieurs facteurs défavorables, à savoir un environnement de plus en plus concurrentiel (avec notamment l’essor des vendeurs en ligne), une mauvaise orientation des marchés américain (où les ventes de rasoirs restent désespérément faibles) et brésilien (avec des difficultés économiques récurrentes et une grève des transporteurs en mai), l’augmentation du coût des matières premières – ce qui ne peut que porter préjudice à ce grand consommateur de plastique – ainsi que la vigueur de l’euro. Il inquiète également sur le front de la structure financière, la situation nette de trésorerie étant passée de 87,2 M€ au 30 juin 2017 à 55,1 M€.
Bref, le topo général n’est pas franchement reluisant, par-delà la confirmation des objectifs annuels d’une croissance de ses ventes en comparable comprise entre 1 et 3% ainsi qu’une marge d’exploitation normalisée dans une fourchette comprise entre 17 et 18%. Ces projections supposent il est vrai un second semestre marqués par une érosion de la profitabilité en séquentiel et, par extension, sèment le trouble quant à la capacité à gagner de nouvelles parts de marché et au business model même du groupe dans l’esprit de nombre d’investisseurs.
Sur le plan boursier, je rappelle que l’action Bic avait déjà fondu de 29% l’an dernier, soit 39 points de pourcentage de moins que la moyenne de l’indice SBF120. Dans ces sociétés occidentales où les fumeurs sont de plus en plus montrés du doigt, où les produits jetables ne sont plus en odeur de sainteté et où, toute-puissance du numérique oblige, l’usage des stylos est de moins en moins répandu, Bic continue donc de s’enfoncer cette année.
Et malgré des ratios plutôt attractifs, avec un PER de l’ordre de 16 et un VE/Ebit de 9, en sus d’un rendement annuel de 4,4%, je vous le dis sans détour : le newsflow me semble trop défavorable pour revenir sur le dossier.
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