Tokyo vient probablement de vivre la séance la plus invraisemblable de l’année : le Nikkei a d’abord bondi sur l’annonce d’une extension de l’éventail d’actifs rachetés par la Banque du Japon (même stratégie que la BCE, mais impliquant des paniers d’actions… les fameux ETF si chers aux spécialistes des algorithmes spéculatifs).
Puis de la même façon qu’avec la BCE, la BoJ a douché les opérateurs lorsqu’elle a révélé qu’elle ne consentait pas d’assouplissement supplémentaire (rachats maintenus à l’équivalent de 50Mds$ par mois) contrairement aux attentes qu’elle avait suscité ces derniers mois.
C’était le dernier rendez-vous monétaire de l’année, le yen commençait à remonter, c’était le meilleur moment pour agir… mais M. Kuroda, le gouverneur de la BoJ, s’est contenté de répéter « qu’il n’existe pas de limite théorique au montant de rachats d’actifs de la Banque Centrale », mais il s’abstient de rajouter de la liquidité : la sanction fut sans appel, le Nikkei a replongé de 4,5% en ligne droite pour finir au plus-bas du jour, ce qui rend même le score hebdomadaire légèrement négatif.
M. Kuroda considère qu’il n’y a pas urgence à soutenir une économie nippone qui « croit modérément » malgré l’impact du ralentissement des exportations vers les pays émergents.
Cependant, on le comprend : qu’est-ce que la BoJ pourrait bien racheter de plus qui produise un quelconque effet tangible sur la croissance nippone ?
Elle rachète déjà 100% des émissions du Trésor japonais : devra-t-elle également racheter 100% des ETF négociés en bourse, et avec quel argent… autre que celui qu’elle imprime elle même ?
Combien de temps le système financier planétaire va-t-il faire preuve de complaisance pour cette carambouille monumentale ?