Lorsqu’on étudie une petite capitalisation, la personnalité et l’expérience du chef d’entreprise sont très importantes.
Prenez par exemple Keyyo (FR0000185621), un opérateur de services télécoms dédié aux petites et moyennes entreprises, qui pèse 45 M€ en Bourse. Après avoir analysé le dossier, et m’être rendu à la réunion SFAF de présentation des résultats annuels 2017, j’ai tenu à rencontrer le patron pour me faire une idée de l’homme et de sa stratégie.
Philippe Houdoin est ingénieur de l’École navale, passé notamment par Vivendi, où il s’est occupé des télécoms en Pologne (à l’époque Vivendi était encore présent dans les télécoms). L’homme connaît parfaitement le secteur et c’est ce qui l’a poussé à reprendre Keyyo il y a plus de 10 ans… Il possède 35% du capital, et j’ai passé plus de deux heures avec lui à discuter de sa société.
▶ Chez Keyyo, un patron-actionnaire
Déjà, je préfère quand les patrons sont au capital de leur société car évidemment, leurs intérêts sont alignés à ceux des actionnaires. Tout le monde est dans le même bateau.
« Nous sommes en permanence à la pointe de l’innovation avec des offres de convergence fixe/mobile. Pour faire simple, nous mettons à la disposition de nos clients plusieurs numéros qui convergent vers une même ligne. Nous gérons également toutes les problématiques liées à Internet », explique le patron.
Lorsque Philippe Houdoin a repris la société, elle ciblait les particuliers… Depuis, elle est complètement dans le BtoB et compte 14 000 entreprises-clients autour d’une offre voix/data qui adresse toutes les fonctions clefs de l’entreprise.
Son chiffre d’affaires est resté stable à 24,4 M€ l’an dernier mais cette stagnation est due à l’arrêt des dernières activités BtoC peu rentables. Désormais, la rentabilité est au rendez-vous : la marge d’Ebitda est d’environ 16,6% et la marge nette de quasiment 10%. « Nous allons maintenir cette rentabilité avec un chiffre d’affaires supérieur à 30 M€ car le marché se développe très vite », m’explique Philippe lorsque je l’interroge sur la possibilité d’augmenter ses marges.
Le marché reste dominé par les géants du secteur comme Orange. Cela n’inquiète pas du tout l’homme fort du groupe, qui arrive à faire son trou et à gagner des parts de marché, justement avantagé par sa petite taille : « Nous gagnons de nombreux marchés car nous avons une structure très flexible, ce qui n’est pas le cas des gros du secteur qui peuvent avoir du mal à répondre rapidement aux doléances des petits clients ».
▶ Les investisseurs plébiscitent le titre, qui progresse de 59% en an
Si je ne vous recommande pas immédiatement la valeur, c’est parce qu’elle est très chère en ce moment : le PER est de 16 sur 2018 et la VE/ROC de 14… Mais très franchement je la surveille de très près car en cas de consolidation, je l’intègrerai sûrement en portefeuille… (Si vous voulez profiter mes meilleures recommandations sur des petites pépites françaises, découvrez le « Secret du Palais Brongniart »).