Les trimestriels sont « meilleurs que prévus, meilleurs que prévus, meilleurs que prévus », etc. De la pure méthode Coué jusqu’à l’écœurement.
Les résultats « meilleurs que prévus » sont démentis par les vrais chiffres… qui sont « pires que prévus ». Mais le marché est du côté des menteurs.
Nous sommes quelques uns à résister, nous accrochant à des « petits riens », comme Intel qui licencie 12 000 salariés dans le monde, ou comme ces fichues statistiques concernant les profits des entreprises du S&P 500 qui mériteraient d’être ligotées, bâillonnées et enfermées séance tenante dans une oubliette.
La baisse des profits était anticipée autour de -7,5 à -8,5% par un large consensus : pour les 60 premières sociétés du S&P ayant déjà publié leurs trimestriels, les earnings ressortent en baisse de -10.85% (et attendez, on a pas encore vu ceux des groupes pétroliers !).
Et la tradition veut que les meilleurs performers dévoilent leurs résultats en premier. Sachant qu’à Wall Street, c’est la première impression qui compte, autant qu’elle soit favorable… et le faire savoir quand le marché a encore des bons points à distribuer.
Au bout de 300 trimestriels, le marché est blasé et ne réagit plus, sauf aux très mauvais !
La baisse de -10,85% des bénéfices doit être de surcroît corrigée de l’impact des rachats de titres (share buybacks) qui ont atteint des records ces derniers mois : la vérité est certainement plus proche de -20%.
Et les marges, elles, ne mentent pas, contrairement aux dividendes qui peuvent être gonflés artificiellement: elles sont retombées au plus bas depuis 2011.
Cela n’inquiète pas Wall Street : « plus bas tomberont les trimestriels, plus haut ils rebondiront »… et le marché achète l’avenir, pas le passé.
La fin de l’année 2016 va donc se solder par un feu d’artifices de profits (certains pronostiquent +13% au 4e trimestre).
On croirait de la propagande de guerre du siècle dernier, quand une armée en déroute prétendait se replier « en bon ordre » pour mieux contre-attaquer et infliger une défaite humiliante à l’assaillant qui contrôlait déjà 90% du territoire..