En ce lendemain d’allocution présidentielle, la cinquième depuis le début de la crise sanitaire, Emmanuel Macron a donné une date, celle du 11 mai. Ce jour-là, sous réserve bien sûr qu’un certain nombre de conditions soient remplies, au premier rang desquelles une régression régulière du nombre de cas de Covid-19, nos compatriotes et notamment les parents commenceront à entrevoir le bout du tunnel avec la réouverture des crèches, écoles, collèges et lycées.
Sera-t-elle nationale ? Le déconfinement sera-t-il mené par tranches d’âge ? Par régions ? Il faudra encore patienter quelques jours avant d’être fixé sur ces points capitaux. Les vacances estivales, elles, demeurent plus que jamais entre parenthèses et il en est de même pour les déplacements en avion.
En ces temps de quarantaine, naviguer sur le site Internet Flightradar24, ce formidable révélateur qui permet d’observer les mouvements des avions commerciaux en temps réel, a quelque chose de fascinant. Le contraste avec le « monde d’avant » est spectaculaire et de surchargé, le ciel est devenu presque vide.
La pandémie de coronavirus coûtera au moins 250 Mds$ au transport aérien et celui-ci sera, sans l’ombre d’un doute, confronté à une casse gigantesque susceptible de supprimer la bagatelle de 25 millions d’emplois aux dires du président de l’IATA (Association internationale du transport aérien) Alexandre de Juniac. La compagnie britannique low cost flyBE en a été la première victime, imitée il y a quelques jours par Germanwings, filiale de Lufthansa, qui a estimé que le trafic ne reviendra pas à son niveau d’avant la crise et a en conséquence cessé derechef les activités de cette compagnie maudite (l’épouvantable crash d’un Airbus A320 dans le massif des Trois-Evêchés en mars 2015, à la suite d’une descente programmée par le copilote Andreas Lubitz, dépressif chronique aux tendances suicidaires dont l’état avait échappé à la vigilance de sa hiérarchie et du corps médical, est resté dans toutes les mémoires).
Le transporteur allemand, qui a par ailleurs indiqué perdre 1 M€ de liquidités… par heure, ne dispose que de trois mois de trésorerie devant lui et aura sans doute besoin d’un sérieux coup de pouce de Berlin. Air France en aurait le double, mais le scénario d’une renationalisation temporaire est aujourd’hui privilégié par les pouvoirs publics pour sauver les meubles et dans de telles conditions, la question de l’avenir de Transavia pourrait bien se poser elle aussi.
Peur sur les low cost
Outre-Atlantique, où le trafic a chuté à 5% de la normale, où toutes les compagnies sont privées et où 230 d’entre elles ont sollicité l’aide au Trésor (l’équivalent du ministère des Finances), Delta est également, entre autres, en grand danger. Un constat qui vaut naturellement aussi pour les géants européens à bas coûts easyJet et Ryanair, lesquels proposent des avoirs et, depuis déjà plusieurs semaines, ne remboursent plus les clients ayant été contraints d’annuler leur vol.
Noires sont les perspectives de ces deux futurs ex-mastodontes (tout comme bien sûr celles des Norwegian, Volotea et autres Vueling) si prospères il y a encore quelques semaines, devenus « injouables » en Bourse, qui ont tiré un trait sur leurs prévisions annuelles et n’ont d’autre horizon immédiat que l’annulation de leurs commandes. Le temps de l’expansion des flottes est révolu pour de longues années et toutes les compagnies sans exception vont devoir réajuster la leur, recalibrer voire réduire leur force de frappe en fonction d’une demande devenue sclérosée.
Plus que jamais, leur futur passe par les mesures de déconfinement, qui diffèrent selon les pays, leur situation sanitaire et leurs priorités économiques. Les calendriers et les modalités ne sont pas les mêmes, et le caractère durable de la fermeture d’un grand nombre de frontières est pour le transport aérien dans sa globalité une immense chape de plomb.
L’ère de l’avion à la portée de tous appartient très probablement au passé et le Covid-19 débouchera sans doute sur une phase de consolidation sectorielle.
Le business model des low cost, qui par définition proposent des billets à prix cassés, d’où un relèvement sensiblement plus lent si une telle politique devait être maintenue, n’a jamais été aussi menacé et les fleurons nationaux pourraient à terme être rien moins que débarrassés de leur terrible concurrence.
Ces derniers ne pourront toutefois s’en sortir seuls et vont devoir avaler des couleuvres. Quant aux programmes d’extensions aéroportuaires comme le Terminal 4 de Roissy-Charles-de-Gaulle, on voit mal comment ils pourraient ne pas être reportés.
D’aucuns croyaient l’essor de l’aviation civile irrémédiable et irrésistible. Le coronavirus lui aura fixé des limites spectaculaires.
1 commentaire
C’est n’importe quoi. Les compagnies qui ont le plus de chance de survivre sont justement les low cost car leurs coûts fixes sont bien moindres ! On naît low cost, on ne le devient pas….