Pendant que Goldman Sachs nous prédit une poursuite de la chute du pétrole vers 40$ (le côté auto-réalisateur de leurs « papiers » leur donne pour l’instant raison), les analystes de Wood Mackenzie nous proposent un magnifique exercice de désinformation avec la publication d’une étude qui voudrait tenter de nous convaincre qu’à 40$ le baril, seul 1,6% de la production mondiale ne serait plus rentable ! Pour nous, la bulle du High Yield des pétrolières qui se sont lancées dans les shale oil ou shale gaz, est sur le point d’exploser.
Les Etats-Unis, qui sont coude à coude avec l’Arabie Saoudite (un peu derrière la Russie) pour conquérir le titre de second producteur mondial de pétrole, sont en fait leaders sur les « condensats » (pétrole de schistes) avec 2,6 Mns barils/jour… dont le coût d’exploitation est très élevé alors que l’investissement initial est bien plus faible que pour le pétrole « offshore ».
Le « offshore » profond n’est rentable qu’au terme de nombreuses années d’exploitation. Si le baril baisse entre temps, cela retardera juste le « break even »… les investissements déjà lancés vont se poursuivre, en revanche, de futurs projets vont être repoussés.
Las analystes de Wood Mackenzie tiennent-ils compte du prix de revient une fois atteint le seuil de rentabilité théorique ? Alors oui, le « offshore » sera rentable à 40$… un beau jour !
Sinon, aujourd’hui, il ne l’est pas pour tous les nouveaux gisements en exploitation dans le golfe du Mexique, au large de l’Indonésie, au nord de l’Ecosse, en Alaska, en Sibérie, etc.
Et il faut rajouter les coûts financiers, de raffinage, de transport (un pipe-line, cela coûte une fortune)… et même l’approvisionnement en eau et additifs chimiques pour le « shale oïl » (qui représente plus d’un quart de la production pétrolière US).
Alors 1,6% de la production mondiale pas rentable ?
L’Arabie Saoudite a du calculer que si les prix restent durablement déprimés (18 mois/2 ans) autour de 40$, c’est tout le secteur du pétrole de schistes qui s’effondre aux Etats-Unis, mais aussi tout le offshore profond, tout le pétrole extrait au-delà du cercle arctique, soit 20% de l’or noir au total… et pas 1,6% (qui correspond effectivement à l’excès d’offre actuel) !