Le battement des ailes du papillon Donald Trump – s’il n’en a pas tout à fait la grâce – pourrait-il provoquer une crise monétaire ? C’est la question que je me pose en cette dernière séance d’un étrange semestre boursier.
Longtemps « toppish », les marchés actions ont en effet nettement marqué le pas ces dernières semaines, la faute à la guerre commerciale, d’abord savamment ignorée par les investisseurs, mais qui a fini par devenir leur préoccupation première.
Le président américain fonce tête baissée, tel un taureau qui entre dans l’arène, bien décidé à encorner les matadors chinois et européen. Acier, aluminium, voitures, propriété intellectuelle : rien ou presque n’échappe au courroux du locataire de la Maison-Blanche qui, le 18 juin dernier, a asséné un violent uppercut à Pékin, menaçant de taxer 200 Mds$ d’importations supplémentaires à hauteur de 10%, trois jours à peine après avoir annoncé l’instauration prochaine de tarifs douaniers allant jusqu’à 25% sur quelques 800 produits représentant 34 Mds$ d’importations chinoises.
L’empire du Milieu n’a aucune intention de se laisser faire et, pour rappel, a d’ores et déjà ciblé 659 produits américains (environ cinq fois plus que dans la première liste dévoilée début avril), notamment des produits agricoles et des composants automobiles, afin de frapper l’électorat populaire de Donald Trump en plein cœur. Il ne pourrait en revanche riposter à l’identique si le chef de l’exécutif américain mettait ses ultimes menaces à exécution.
« En effet, les importations chinoises de biens depuis les Etats-Unis sont de l’ordre de 130 Mds$. La Chine serait alors contrainte d’emprunter d’autres voies pour riposter commercialement à cette éventuelle mesure américaine », soulignaient mardi les gérants d’Edmond de Rothschild AM.
▶ Les principaux indices américains pourraient être malmenés
Le pays le plus peuplé du monde a compris qu’il lui fallait déplacer le curseur pour pouvoir placer lui aussi un gros caillou dans la chaussure des Etats-Unis. Ce gros caillou, c’est la dépréciation délibérée du yuan, dont Philippe Béchade vous a parlé hier ici et qui est destinée à « gagner par avance les points de compétitivité qu’une hausse des tarifs douaniers américains pourraient lui faire perdre ».
La devise chinoise est étroitement contrôlée par la PBOC, la banque centrale chinoise. En d’autres termes, ce n’est pas le marché qui fixe librement sa valeur. Il s’agit d’un levier que Pékin a commencé à activer, le yuan ayant déjà perdu 3,4% depuis le début du mois.
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Ainsi la Chine, à qui Donald Trump a déclaré une guerre commerciale, entend-elle déclarer une guerre monétaire à l’Oncle Sam.
Or, comme Simone Wapler l’a rappelé hier dans La Chronique Agora, « lorsque la Chine avait tiré de cette façon dans la guerre monétaire en août 2015 et en janvier 2016, l’indice américain S&P500 avait ensuite chuté de respectivement 11 et 12% ».
Wall Street, déjà dans une configuration baissière au même titre que le CAC40, comme Gilles Leclerc vous l’explique dans son article du jour, pourrait donc bien continuer de déchanter ces prochaines semaines. Je parie qu’on n’entendra alors guère Donald Trump admettre sa responsabilité dans la mauvaise passe des marchés actions, lui qui ne s’était pas privé de s’attribuer, et à maintes reprises, leur vigueur passée…
Bonne fin de semaine à tous,
Guillaume
CAC40 : de l’importance de préserver certains niveaux lors de la clôture trimestrielle
1 commentaire
Bonjour,
dans le cadre de mes études, je suis à la recherche des différents impacts de la sous-évaluations de Yuan sur l’économie chinoise. Malheureusement je ne trouve pas beaucoup de désavantages. Pouvez-vous m’aider?
Un grand merci