Alors que l’horizon tend à s’éclaircir en Italie… C’est très exactement le contraire pour Deutsche Bank, laminée hier à Francfort : la banque prend des mesures draconiennes pour éviter la faillite. Cela suffira-t-il ?
Un peu de répit pour l’Italie
La semaine qui s’achève aura été dominée par la crise politique italienne et l’un de ses principaux corollaires, les déboires boursiers des banques européennes, que j’avais déjà évoqués mercredi.
On respire un peu mieux de l’autre côté des Alpes avec la signature hier d’un accord – d’aucuns parleraient plus volontiers de compromis – qui consacre l’entrée des deux dirigeants « antisystème » Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles) et Matteo Salvini (Ligue). Ces derniers (par ailleurs vice-premiers ministres) ont hérité respectivement des postes de ministre du Développement économique et de ministre de l’Intérieur au sein d’un gouvernement qui sera bel et bien dirigé par Giuseppe Conti.
Le président de la République Sergio Mattarella a en effet fini par accepter de le nommer président du Conseil à la suite d’une concession de taille : le renoncement à la désignation de l’europhobe Paolo Savona à la tête du ministère de l’Economie et des Finances. Celui-ci sera finalement conduit par Giovanni Tria, certes tenant d’une baisse substantielle des impôts, mais favorable au maintien de la botte dans l’eurozone.
Bruxelles a obtenu l’essentiel et l’horizon tend à s’éclaircir en Italie. C’est très exactement le contraire pour Deutsche Bank, laminée hier à Francfort (-7,15%) et dont le titre a fondu de plus de 41% depuis le 1er janvier. Je me souviens des déboires de la banque allemande en septembre 2016. Pieds et poings liés du point de vue politique, voire politicien, Angela Merkel renâclait à venir à la rescousse de cette institution fondée en 1870, l’année même où Bismarck a unifié l’Allemagne, et avait fait trembler les marchés en déclarant qu’elle ne recevrait pas d’aide de l’Etat.
Aux Publications Agora, nous pensions que Deutsche Bank était alors l’étincelle qui déclencherait une nouvelle crise financière. Mais finalement, la tempête s’est éloignée peu à peu…. jusqu’à maintenant.
La Deutsche Bank, dans le viseur de la Fed et de S&P
Moins de deux ans plus tard, la question se pose à nouveau : la Deutsche Bank est-elle le nouveau Lehman Brothers ? Invoquant « des risques d’exécution considérables pour la nouvelle stratégie du groupe sur fond d’un marché défavorable », Standard & Poor’s vient ainsi d’abaisser d’un cran la note de la dette de crédit à long terme du groupe à « BBB+ ».
Comme Philippe Béchade vous l’a rapporté hier, Deutsche Bank est également dans le collimateur de la Fed, qui a en effet classé la première banque allemande parmi les établissements en « difficulté ». Un désaveu qui va notamment la contraindre à sonder la Réserve fédérale américaine pour des décisions stratégiques comme le recrutement et le licenciement de hauts cadres.
Plombée par des encours de dérivés astronomiques, Deutsche Bank reste sur trois exercices consécutifs de perte et a vu son bénéfice net divisé par près de 5 au premier trimestre.
Engagé dans un vaste plan de restructuration aux enjeux considérables, le groupe a aussi dû se résoudre à frapper fort sur le plan social en supprimant plus de 7 000 postes. Le dossier me semble à fuir comme la peste. Plus largement, et comme Philippe vous l’explique dans son dernier numéro de Béchade Confidentiel, sorti hier soir c’est tout le secteur bancaire qu’il vous faut éviter actuellement !
Bonne séance à tous et bon week-end,
Guillaume