Une majorité d’électeurs italiens a voulu donner un grand coup de pied dans la fourmilière lors des dernières élections législatives, synonymes de déconvenue majeure pour les partis traditionnels acquis à la cause des dogmes européens et a fortiori de retour en force de l’euroscepticisme sur le Vieux continent.
Etrange attelage de partis très différents, mais avec la contestation pour dénominateur commun, la coalition Ligue / Mouvement 5 étoiles avait, moyennant d’âpres discussions, mis sur pied un programme qui ne pouvait qu’indisposer profondément Bruxelles, entre abrogation de l’impopulaire réforme des retraites mise en place par Matteo et Renzi et création d’un revenu minimum de 780€ de nature à faire s’étrangler les tenants de la discipline budgétaire. Pour complexe à mettre en œuvre qu’il aurait été et économiquement inconséquent, ledit programme vient d’être enterré, sans fleurs, ni couronne.
Le cas grec a fait jurisprudence
En bon garant des oukases de Bruxelles, le président de la République italienne Sergio Mattarella s’est en effet opposé ce week-end à la désignation de Paolo Savona, il est vrai eurosceptique, voire europhobe notoire, au poste clef de ministre de l’Économie. Un casus belli qui a débouché sur l’éviction de Giuseppe Conte, lequel était censé prendre la présidence du Conseil et a été remplacé au pied levé par Carlo Cottarelli, prototype du bon soldat.
Catégoriquement réfractaire à toute remise en cause du fonctionnement de l’Europe, aussi perfectible soit-il, Jean-Claude Juncker, ce démocrate à géométrie variable, a sans doute jubilé : il a été entendu, aussi sûrement que le peuple italien a, en l’espace de quelques semaines, vu ses desiderata tués dans l’œuf par la doxa européenne.
Bruxelles fait fi du choix des électeurs italiens
Cette situation n’est pas sans rappeler ce qu’a connu Alexis Tsipras début 2015. Celui qui est redevenu depuis Premier ministre n’avait alors pu mener à bien son premier projet qui devait sonner le glas de l’austérité, bâillonné qu’il fût par la Troïka. Il en découla un profond sentiment eurosceptique dans le pays qui n’a pas disparu.
Les électeurs ne détestent il est vrai rien tant que de voir dicter leur conduite ou qu’on leur force la main. La remarque vaut pour tous les pays et la confiscation manifeste du vote populaire en Italie, dont les conséquences pourraient être profondes, commence à inquiéter les investisseurs, comme en atteste le très mauvais comportement des indices européens, avec en queue de peloton un Footsie MIB qui dévisse de 2,8% à la mi-journée.
Peut-être le début d’une véritable lame de fond…
Après l’Italie, un vent d’incertitude politique se met à souffler sur l’Espagne