Il est rare de voir figurer Essilor (FR0000121667) parmi les plus fortes baisses du CAC 40 sur une année. Pourtant, si 2016 devait se terminer maintenant, cela serait tout sauf un bon cru pour le groupe. L’action Essilor est en recul de plus de 10% depuis le début de l’année et, plus grave, en recul de 20% par rapport à son plus haut de l’année.
Comme je le disais sur BFM Business mardi 25 octobre, lors de mon passage dans Intégrale Bourse, on ne pardonne rien aux entreprises habituées à publier, année après année, d’excellents résultats. Il faut toujours être le meilleur. C’est comme en tennis : une défaite de Novak Djokovic, numéro un mondial, fait les gros titres de la presse sportive, parce qu’il est… numéro un mondial.
Le début des problèmes pour Essilor
Essilor connaît, cette année, un exercice assez mouvementé. C’est tout d’abord le 29 juillet dernier que les choses se sont gâtées…
Le leader mondial dans la conception, la fabrication et la commercialisation de verres correcteurs a averti que son chiffre d’affaires 2016 devrait être en hausse de 4,5% alors qu’une estimation préalable tablait sur 5%.
En soi, une réduction de 0,5% n’est pas un drame, mais elle est de nature à remettre en cause la valorisation de l’action, excessivement chère en Bourse, et ce depuis des années.
Et puis, alors que je pensais dans un article du 29 août que la panne de croissance serait temporaire, le groupe a déçu, le 21 octobre dernier, sur la publication de son chiffre d’affaires du troisième trimestre. Celui-ci a progressé seulement de 3,2% sur le trimestre, ce qui réduit la progression à 3,8% sur les neuf premiers mois de l’année.
Cela veut dire qu’il sera très difficile d’atteindre les 4,5% de hausse sur l’ensemble de l’exercice, sauf divine surprise sur la fin de l’année avec une nette accélération. Le groupe impute cette nouvelle déception à une conjoncture assez morose aux Etats-Unis (+1,3%), une décélération au Brésil (-3%) avec une fréquentation chez les opticiens en chute libre et, surtout, une désaffection pour les produits haut de gamme à cause de la récession.
Reste à se demander si Essilor sera en mesure de réaliser les 18,8% de marge opérationnelle attendue sur l’année. Pour l’instant, rien n’est remis en cause, car le groupe a toujours su optimiser sa gestion en dégageant de fortes marges. L’action reste ainsi sur des niveaux de valorisation élevés, très élevés même avec un PER de 28 sur 2016 ou encore de 26 sur 2017.
Si l’on regarde les ratios plus techniques et utilisés surtout par les analystes financiers, on obtient par exemple respectivement des Ve/ebita de 20 et 18. Cela reste élevé même si la société a toujours été évaluée avec des ratios supérieurs à celui du marché. Je pense qu’il peut y avoir un rebond. J’attends celui-ci plus autour des 95-97 euros qu’autour des 103 euros, cours actuels.