◊ Une crise de manque
Rassurez-vous, la crise, celle que l’on craignait, qu’on a traitée et finalement balayée d’un coup de planche à billets, est finie. Enfin presque !
Le problème, c’est que le meilleur outil pour balayer reste encore le balai. Et quand on utilise les mauvais outils pour bricoler, on finit toujours par se blesser.
De même que l’agriculture intensive et ses traitements chimiques ont donné naissance à des familles d’insectes mutants et résistants, la crise financière et ses remèdes monétaires auront donné naissance à des marchés financiers dopés par les liquidités faciles et suralimentés par des injections massives. Petit état des lieux…
◊ Au bord d’une nouvelle crise de confiance…
L’Australie a remonté son principal taux de refinancement à 3,75% et a laissé comprendre que ce n’était pas fini. La RBA (Reserve bank of Australia) devrait amener progressivement le taux à 4,50% d’ici la fin de l’année si les bonnes nouvelles se poursuivent.
Mais l’Australie est bien loin de notre vieille Europe ou même des Etats-Unis, où la seule évocation d’un resserrement monétaire provoque encore de fortes craintes.
Aussi, de Londres à Rome en passant par Athènes et Paris, la sortie de crise se fait attendre. Le chômage continue de flirter avec ses plus hauts niveaux à 9,9% en Zone euro alors que le moral du consommateur ne décolle pas. Les marchés se tiennent donc prêts à basculer dans une véritable crise de confiance.
◊ … A une véritable crise d’angoisse
Les réactions des dirigeants étaient sans doute nécessaires et la réactivité des banques centrales a permis, à quelques approximations près, de ne pas sombrer totalement.
La crise n’est cependant pas loin derrière nous et elle menace toujours autant l’économie mondiale.
La plus grande menace est sans doute la crise de panique qui va s’emparer des marchés quand la réalité va rattraper la rumeur.
Inexorablement, les banques centrales des pays développés vont devoir remonter leurs taux pour lutter contre une inflation directement liée aux politiques d’assouplissement monétaire alors même que le chômage ne devrait que difficilement ralentir. Et il va désormais être très compliqué pour les banquiers centraux de ménager les marchés, l’inflation et les déficit colossaux sans provoquer une crise d’angoisse.
◊ Livre sterling et euro fragilisés
Mais tout cela nous permet d’avoir de très beaux mouvements sur le Forex depuis le début de l’année (et j’en ai bien profité puisqu’avec ma stratégie de prise de risque de 1% à 2% maximum, mon taux de réussite avoisine les 70%]. Il nous faut désormais être très sélectifs car nous sommes sur des niveaux clés pour le billet vert, comme je le disais la semaine dernière à mes abonnés de Agora Forex :
« La semaine s’est achevée sur une note stable sur les marchés actions. Le dollar, pour la deuxième semaine de suite est venu buter sur des résistances fortes sans parvenir à les franchir.
Sur le dollar index, c’est le niveau des 81 points que ne parvient pas à dépasser le billet vert, alors que sur EUR/USD, le support à 1,3450$ semble contenir la poussée de la monnaie américaine. »
Comme vous le voyez ci-dessous sur les indices de l’euro et de la livre sterling (qui sont ici représentés sous forme d’indices face à un panier de devises), la tendance est clairement orientée à la baisse pour ces deux devises.
Source: mataf.net
Les préoccupations sur les déficits de certains pays ont fortement pesé ces dernières semaines alors même que les anticipations d’un resserrement monétaire aux Etats-Unis venaient doper le billet vert, accentuant ainsi la chute de ses rivaux.
Ce mardi, le membre de la Fed, M. Hoenig, affirmait d’ailleurs « que la FED ne devrait pas garantir une période prolongée de taux bas au marché » car cela « invite aux excès ».
La livre sterling souffre également de l’attente du scrutin du printemps qui pourrait encore ralentir les processus de décision et ainsi pénaliser le pays déjà en grande difficulté. Pourtant, les défis sont de taille pour le Royaume-Uni qui doit composer avec une économie en panne et une inflation rampante, mettant de plus en plus de pression sur la Banque d’Angleterre.
◊ Ne vous précipitez pas
La situation est donc désormais très difficile à apprécier. Alors que le billet vert bénéficie d’une tendance favorable forte, il semble risqué de passer vendeur dès maintenant car, comme le dit l’adage, la tendance est votre amie.
Cependant, les indicateurs et le Commitments of Traders, qui mesure les positions ouvertes sur les futures, nous montrent clairement une survente sur la monnaie européenne ainsi que d’autres devises comme la livre sterling.
Il semble donc tout aussi périlleux d’entrer à l’achat sur le dollar américain avant le franchissement de nouveaux supports.
Ma recommandation de la semaine: Ne vous précipitez pas. Parfois la meilleure position est de ne pas en avoir.