Quand le bon élève de la Bourse commet un impair
Eurofins Scientific (FR0000038259), le leader mondial de la bio-analyse, qui a vu sa capitalisation boursière multipliée par pas moins de 360 depuis son introduction en Bourse (à 1,83 €, en 1997), vient tout récemment de connaître un très gros couac boursier, lui ayant fait perdre quelque 10%.
Mais, reprenons la chronologie des faits… Le 10 décembre dernier, le groupe annonce le lancement d’un placement privé, portant sur 1 million d’actions, soit plus de 300 M€.
Pour tout vous dire, comme à mon habitude, j’étais très réticent sur ce genre d’opérations. Pourquoi me demanderez-vous ? Tout simplement, parce que les placements privés sont souvent réalisés en quelques heures par des sociétés de gestion, bien contentes d’acquérir des titres avec une décote. Cependant, les particuliers, eux, sont exclus de ces opérations et voient ainsi leurs participations diluées sans pouvoir rien y faire. De plus, avec ce genre d’opérations, le bénéfice par action diminue : le bénéfice net reste le même mais plus d’actions en circulation… Bref vous m’avez compris : ce type d’opération se fait au détriment des actionnaires… Aussi, j’en étais à pester contre ce placement privé quand, dès le lendemain, le groupe français annulait son placement du fait des faibles conditions de marché.
De l’importance de ne pas se précipiter en Bourse
En effet, placer 6,5% de son capital avec les conditions actuelles de marché pouvait sembler plus que difficile d’autant que l’action avant cette annonce se payait encore sur un PER de 40 et sur une Ve/ca supérieure à 3%… Des multiples très élevées, et ce même si la qualité se paye en Bourse. La baisse de plus de 10% du titre suite à l’annonce de l’annulation de ce placement est tout à fait logique et pourrait même se prolonger. Les investisseurs n’ont pas été dupes et n’ont pas voulu souscrire sans doute à une opération trop rapidement menée avec une valorisation stratosphérique.
Reste à se demander si le groupe tiendra ses objectifs qu’il s’est donnés pour 2020, pariant sur un chiffre d’affaires de 4 Mds€ à cet horizon, contre les 2,5 Mds€ de 2016. Il faudra avoir de solides munitions pour y arriver et l’annulation du placement privé est un premier avertissement pour la société qu’on a rarement tant punie dans son histoire boursière.
Certes, la situation financière reste assez saine avec un endettement net ne représentant pas plus de 2 fois l’excédent brut d’exploitation, soit nettement au-dessus du seuil des 3,5 fois. La société a encore des marges d’endettement mais il est dommage de ne pas avoir choisi le visa AMF avec une forte décote. Sans doute, l’opération aurait été plus longue, mais le résultat en aurait également été différent.