Je vais me pencher aujourd’hui sur le cas de l’euro. Pour mémoire, la devise européenne valait, il y a 9 ans, près de 1,60 $. C’était son plus-haut historique face au dollar. Aujourd’hui, la paire EURUSD tourne autour de 1,06. C’est une baisse de 35%.
L’euro a donc perdu plus d’un tiers de sa valeur face au dollar en moins de 10 ans, avec deux principaux catalyseurs qui ont guidé cette tendance :
- la politique monétaire ;
- la politique européenne.
La BCE au milieu de nulle part
Les politiques monétaires, et surtout la réaction tardive de la BCE pour s’ajuster à la Fed, ont entraîné un différentiel de taux énorme ces dernières années entre les Etats-Unis et l’Europe.
En effet, la Fed, par une politique agressive de laxisme monétaire dès les premiers soubresauts de la crise, a permis de relancer son « usine à gaz » économique plus tôt. Le prix est cher payé en termes de dette et de bilan, mais là n’est pas le sujet.
La BCE n’a réagi que bien plus tard. Et alors que la Fed s’apprête à relever ses taux 3 fois en 2017, la BCE, elle, martèle qu’elle gardera les taux bas en raison d’une inflation basse et (surtout mais chut, ce n’est pas dans son mandat) d’une reprise économique qui se fait attendre.
La BCE n’est pas forcément à blâmer… elle ne fait qu’essayer de gouverner un paquebot de plus en plus soumis à des courants contraires.
L’Europe ou la loi de l’improbable
L’autre facteur aggravant est bien évidemment les tensions politiques majeures au sein même de la zone euro.
Déjà la crise grecque avait montré une Europe à deux vitesses où la « solidarité » a vite trouvé ses limites. On parlait alors du Grexit.
Puis est venu l’improbable : le BREXIT. Fruit d’une promesse hasardeuse, David Cameron sauvera son élection en promettant un référendum sur le Brexit… qui lui coûtera finalement son poste. Ironie de la démocratie,
Matteo Renzi connaîtra la même mésaventure, illustrant que tout était désormais possible en Europe et ailleurs.
L’Europe en panne entraîne une baisse de confiance en sa monnaie… qui pourrait finir par imploser.
Vous avez dit improbable ?
Trump : leur président, notre problème
Le sommet de l’impossible (selon les biens pensants) a été atteint avec l’élection de Donald Trump.
La seule satisfaction de cette élection « improbable » est d’avoir vu les sondeurs et journalistes si sûrs d’eux être obligés de s’excuser.
Bon… il n’en reste pas moins que nous voilà avec un mégalo-milliardaire et accessoirement xénophobe au volant de la plus grande économie du monde.
Alors pourquoi l’euro devrait remonter ?
Tout simplement parce que l’euro n’est qu’une feuille morte évoluant au grès des vents que dirigent les autres forces économiques. Et voyez-vous, Donald Trump, lui, n’aime pas trop voir l’euro aussi bas !
Il l’a fait savoir par la voix de Peter Navarro, son conseiller au Commerce, qui a estimé que « l’euro était un deutsche mark déguisé » et que « l’Allemagne exploitait les autres pays de la zone euro ainsi que les Etats-Unis » grâce à cette monnaie sous-évaluée.
On peut donc légitimement penser que l’administration Trump va rapidement prendre des mesures pour faire retomber le dollar face à l’euro et ainsi booster les exportations américaines.
Une visibilité trompeuse pour la Fed
Il faudra également être très attentif aux prochaines nominations de la Fed. En effet, la démission du gouverneur Tarullo ainsi que l’imminence de la fin du mandat de Janet Yellen (en janvier 2018) et de Fischer amèneront à la nomination de 5 nouveaux membres sur 7 !
Je trouve donc bien hasardeux de penser que les trois hausses de taux sont acquises !
L’euro a trouvé une zone de support importante entre 1,05 et 1,10.
Actuellement à 1,06, nous avons donc plusieurs indicateurs qui me font penser qu’un rebond de l’EURUSD devient plus que probable. Je passerai donc acheteur en cas de dépassement des 1,0650 pour viser 1,1050, 1,1450 puis 1,20$.
Vous avez dit improbable ?
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