S’il y a bien un secteur (à part le pétrole bien sûr) qui souffre actuellement en Bourse, c’est bien le secteur du luxe et les LVMH, Kering ou même Moncler, le spécialiste des doudounes, enregistrent de fortes baisses. Même Hermès (FR0000052292) est concernée, alors que le titre se jouait traditionnellement des crises et résistait à tout mouvement de baisse. La valeur de la « marque » avait une telle dimension immatérielle qu’il est très délicat de pricer le rêve…
Le titre enregistrait bien des consolidations, parfois même importantes… mais repartait à la hausse de plus belle. Voyez ce graphique : le titre a pris 3650% en 22 ans, quand le CAC40 n’a pris « que » 147%.
Sauf que depuis avril dernier, le titre chute, lui aussi : il a perdu 20%.
Le souci, c’est que pour l’instant, le titre ne fait pas mine de vouloir rebondir.
Il faut dire que les attentats du 13 novembre ont pas mal déstabilisé l’activité du groupe qui réalise 30% de son chiffre d’affaires lors des derniers trimestres.
De même, le ralentissement chinois et la baisse des marchés financiers dans l’Empire du Milieu ne sont pas de très bon augure pour la société, propriétaire notamment de la marque Shang Xia, un spécialiste du luxe local commercialisant des produits issus de l’artisanat chinois. Or « l’effet de richesse négatif » que provoque cette chute des Bourses asiatique, risque de détourner les Chinois de leurs achats de luxe.
L’Asie représente 48% du chiffre d’affaires total du groupe et sur le troisième trimestre, l’activité n’a progressé que de 5,5% dans cette zone géographique, contre 10,9% pour le deuxième trimestre. Hors Japon, la croissance en Asie ressort seulement à 1,5% contre 6% au deuxième trimestre.
La direction de Hermès avait d’ailleurs reconnu, lors de la présentation de son troisième trimestre, que les incertitudes de la Grande Chine (Hong-Kong et Macao compris) rendaient ce marché difficile, et anticipait que ces tendances se poursuivraient en 2016.
Les investisseurs ont donc pricé ce ralentissement chinois et le titre perd près de 15% sur les trois derniers mois.
Alors que faut-il faire sur la valeur ?
J’avais indiqué le 24 juillet dernier que je considérais la valeur extrêmement chère avec à l’époque un PER de 35 ou encore une Ve/ebit de 23.
Je remarquais alors que le titre se payait 7 fois son chiffre d’affaires… contre 2,5 fois pour LVMH.
Depuis, le titre a perdu environ 25%. Il revient sur des multiples un peu moins élevés mais toujours 30% plus chers que l’ensemble du secteur du luxe.
Oui, Hermes reste 30% plus cher que ses comparables, avec un PER de 28 et une Ve/ebit de 20.
Très franchement, je ne pense pas qu’il faille se presse pour acheter la valeur aux cours actuels. Le titre pourrait bien revenir sur les 275 / 250 €, ce qui serait un niveau beaucoup plus abordable pour tenter un achat. Donc ne vous précipitez pas… et attendez un peu que la conjoncture chinoise décante, et que le secteur du Luxe se stabilise.