Ah, le mercredi, le jour des enfants. C’est un jour idéal pour aller au cirque.
Mais les traders aussi ont leur cirque du mercredi : les minutes de la FED.
Oui, depuis plusieurs mois, la publication des détails des échanges du comité monétaire de la FED est l’occasion pour les acrobates de la rhétorique de chercher LE détail qui change tout.
Une virgule bouge et c’est l’angoisse.
Un mot est moins appuyé que la dernière fois et le marché s’emballe, bref l’économie, la vraie en mode grotesque. L’économie de clown quoi, celle qui fait rire quand on prend un peu de recul… ou pas.
Juin ou pas juin ?
Toutefois depuis plusieurs mois, c’est plutôt une belle ménagerie que nous offrent les dirigeants de la FED en faisant accoucher à chaque fois un éléphant d’une souris.
La question à laquelle les magiciens de la spéculation tentent de répondre, eux, est de savoir si la FED montera ses taux en juin ou non. C’est aussi utile que de voir un lapin sortir d’un chapeau et la réalité va vite reprendre le dessus… mais qu’importe. Aujourd’hui des litres d’encre vont être déversés dans vos revues économiques pour essayer de décrypter l’annonce de ce soir.
Je vais vous faire gagner du temps : il n’y aura rien de neuf.
Attention, je n’ai pas dit qu’il n’allait rien se passer sur les marchés, les algos s’en chargeront.
Mais revenons-en à la question importante : juin ou pas juin pour la hausse de taux ?
Je vous réponds : On s’en moque.
Les funambules de la politique monétaire
Si ce n’est pas en juin, ce sera en septembre ou en décembre. Le fait est que le FED va remonter, un peu, ses taux. Et si vous êtes sur le Forex, c’est bien ce qui fait toute la différence. Je vous ai parlé, il y a quinze jours, de l’anticipation (relire l’article ici).
Or, pour garder la tête froide, il faut savoir prendre du recul.
Un œil sur les derniers chiffres macro-économique aux USA illustre l’exercice de funambule auquel se livre la FED depuis plusieurs mois.
- 28/04/2015 : Confiance des consommateurs = 95.2 pts contre 102.6 attendus
- 29/04/2015 : Publication de la première estimation du PIB du T1 : 0.2% contre 1% attendu
- 01/05/2015 : Publication de l’indicateur ISM Non manufacturier à 51.5 contre 52.1 attendus.
- 15/052015 : Empire State Index, qui mesure l’activité à New York est sorti à 3.1 contre 5.1 attendus.
D’ailleurs je vous mets ici les statistiques globales de la semaine : ça reste dans le rouge !
Ainsi, nos funambules doivent jongler avec un équilibre précaire entre arrêter des mesures irrationnelles pour revenir à une normalité et ainsi justifier la réussite de ces dites mesures mais en sachant très bien que rien n’est arrangé et que les statistiques ne peuvent se justifier trop longtemps par la pluie et le beau temps… Dites, il y a un filet ?
Mon scénario pour la FED
Oui la FED va remonter ses taux, et je pense que se focaliser sur la date de la première remontée est une erreur voire même un leurre.
En effet, après plus de quatre ans de quantitative easing, après des milliards déversés dans l’économie américaine (qui est pourtant une structure souple et donc plutôt efficiente qui aurait dû répercuter ce genre de mesure extrême)… le résultat est plus que mitigé. Certes, cela aurait été sans doute pire sans… ou pas.
Du coup, j’anticipe une première remontée des taux dès le mois de juin car la FED DOIT envoyer un signal. Mais cette prochaine hausse est déjà anticipée par le marché. C’est donc sans doute la suite et le changement de discours qui sera le plus intéressant.
En revanche, il ne serait pas étonnant de voir la FED jouer la montre ensuite et garder des taux bas beaucoup plus longtemps que prévus pour laisser le dollar digérer le changement de cycle.
Au final, la FED aura ménagé tout le monde avec un faux départ de cycle de resserrement monétaire d’un côté pour calmer les plus Hawkish (les faucons) et des taux toujours relativement bas pour ménager les marchés qui ont besoin de leurs doses de liquidités.
EURUSD : Quel impact ?
La paire a assez nettement rebondi alors que le billet vert, suite aux mauvaises statistiques américaines, était vendu.
Ce mardi (19/05/2015), la BCE, par les voix de Noyer et de Coeuré, a calmé les ardeurs de l’euro en annonçant la poursuite du quantitative easing et la possibilité d’aller plus loin dans les taux négatifs. Bref, les clowns de la zone euro s’enfoncent dans le burlesque en renforçant des mesures qui ne semblent pas pouvoir fonctionner.
Voici mon analyse technique.
Ce graphique quotidien illustre l’arrivée de la paire sur une zone clé à 1.1050/80.
Ce seuil, qui avait servi de résistance en début d’année et dont la rupture a provoqué l’accélération haussière de ces dernières semaines, devrait jouer un rôle de support majeur.
Désormais entre 1.1350 et 1.1050, la zone est neutre et un range de consolidation pourrait se mettre en place. Toutefois, la vigueur du dollar pourrait amener à tester les zones basses à 1.0880 puis 1.0750 si 1.1050 devait rompre.
L’euro reste une devise affaiblie et seul un passage au-dessus de 1.1350 et surtout la rupture des 1.1530 pourrait amener une nouvelle dynamique haussière. En attendant, le patron reste le dollar et il va vous falloir dompter ces fauves du forex !
Bons trades !