Ce n’est un secret pour personne : Air France (FR0000031122-AF) vit actuellement l’une des plus graves crises de sa longue histoire.
Désavoué après le rejet le 4 mai dernier par une majorité des salariés de la compagnie de ses propositions sur les rémunérations, le PDG Jean-Marc Janaillac, qui n’avait pas démérité jusque-là, lançant notamment la filiale à bas coût Joon pour tenter de juguler la concurrence des low cost, vient de tirer sa révérence.
Problème : son départ n’était pas un casus belli pour les grévistes et le conflit n’a pas disparu avec lui. Les pilotes frondeurs restent en effet inflexibles sur le fond et on souhaite bien du plaisir à Anne-Marie Couderc, qui vient de reprendre les commandes, épaulée par une direction collégiale. Une solution provisoire en attendant un dénouement qui finira bien par arriver, mais quand ?
La ministre des Transports Elisabeth Borne et les commentateurs se perdent en conjectures et évoquent l’hypothèse d’une séparation avec KLM, qui fait logiquement figure d’élève discipliné, voire d’une disparition pure et simple d’Air France.
Seule bonne nouvelle : la confirmation de l’accord de joint-venture avec Delta et Virgin Atlantic, scellé l’été dernier, et qui consacre le rachat de cette dernière. De là à revenir sur le dossier, il y a un grand pas que je ne préfère pas franchir.
Des ratios attractifs, mais…
Eric vous le disait déjà le mois dernier, peu après le début des grèves : il était réticent à l’idée d’acheter du Air France-KLM dans une telle pétaudière. Vu les derniers développements, c’est encore plus « touchy »…
Le titre, stable ce jeudi, mais qui a fondu de plus de 47% depuis le 1er janvier, se paie maintenant sur un VE/Ebitda de 3, ce qui n’est objectivement pas très cher, « mais un jour de grève pèse 30 millions d’euros sur le résultat d’exploitation », m’a-t-il rappelé. Ces grèves pèsent déjà dans les comptes, avec une perte d’exploitation qui a atteint 118 millions d’euros au premier trimestre, dont 75 millions imputables aux grèves.
Dans ce contexte, il ne fait plus de doute que le résultat d’exploitation sera en baisse sensible par rapport à 2017.
Le newsflow n’ayant rien d’engageant, je ne joue (toujours) pas le rebond, même si les ratios sont attractifs…