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L’excitation est à son comble après un battage médiatique sans précédent. Attention, attention, la nouvelle plus importante introduction en bourse de l’histoire arrive finalement : Twitter ! Wall Street s’est beaucoup investi pour que le site de micro-blogging devienne aussi un succès boursier. Mais la recherche académique a démontré à de multiples reprises que la performance d’une action lors de son IPO dépend aussi largement du goût des investisseurs pour l’orthographe ou de la quantité de soleil qu’ils auront reçue ce jour-là. Oui oui, vous avez bien lu.
Un gain de 684% en un jour, sans être encore cotée en bourse ! C’est l’incroyable prouesse qu’a réussie l’action Twitter le vendredi 4 octobre dernier, dans un mouvement de frénésie dont les marchés financiers ont le secret. L’épisode n’ayant pas été décrit par mes confrères d’Agora, je vous le résume rapidement.
En réalité, des investisseurs ont seulement cru acheter des actions Twitter. Le jeudi 3 octobre, le spécialiste des messages en 140 signes avait diffusé sa feuille de route boursière, précisant vouloir lever un milliard de dollars et éviter les erreurs de Facebook (la précédente plus importante introduction en bourse de l’histoire…). Twitter serait coté sous le symbole TWTR.
N’y tenant plus après des mois de suspense, de nombreux investisseurs se sont dès le lendemain jetés comme des morts de faim sur le symbole boursier TWTRQ, appartenant à la société américaine Tweeter. Certains sont probablement fâchés avec l’orthographe, ne voyant pas la différence entre « Twitter » et « Tweeter » ; d’autres ont pu imaginer que le « Q » de fin de symbole ne servait qu’à dissimuler le Saint-Graal au petit porteur nostalgique de la bulle Internet.
Une histoire de « Q »
Résultat, l’action du détaillant en informatique Tweeter (en faillite depuis 2007, ce que précisément le « Q » est censé signifier) a bondi de plus de 1 000% en quelques heures sur les marchés de gré à gré, avant que sa cotation soit suspendue (et son envolée ramenée à 684%).
Cet énième exemple de comportement insensé et moutonnier ne fait que conforter ma foi dans la recherche académique. Comme vous le savez maintenant, je suis persuadé que seule la connaissance scientifique permet de se détacher de ce que j’appelle « le vaudou » sur les marchés (les émotions, le « petit bonheur-la chance », la navigation à vue), qui provoque des pertes systématiques en bourse (la confusion entre Twitter et Tweeter n’en est qu’une risible variante).
Très abondante concernant les introductions en bourse (IPO), la littérature scientifique s’est intéressée aux divers facteurs qui peuvent influencer le succès ou l’échec d’une action lors de son premier jour de cotation, sans parler des innombrables études qui ont analysé les performances post-IPO de moyen et long terme.
Pour prendre du recul, et s’amuser un peu, regardons ce que nous disent les chercheurs sur l’influence de la météo, de l’humeur des investisseurs et de l’esthétique des documents présentés lors d’une IPO.
Il fait si beau… pourquoi ne pas me faire plaisir ?
La première étude* dont je veux vous parler aujourd’hui a établi l’importance de la saisonnalité. Plus précisément, elle démontre que les actions cotées alors que les journées diminuent et offrent peu d’ensoleillement atteignent une performance moindre, à court terme, que celles introduites en bourse lors de radieuses journées.
Vous n’allez pas me dire que les investisseurs iraient jusqu’à être perturbés par la météo, non ? Hé bien, si. La surperformance des actions qui bénéficie d’ensoleillement particulier le jour de leur IPO (« quel bonheur d’acheter une action en ce temps radieux », doivent se dire les investisseurs) disparaît à moyen terme (jusqu’à un trimestre), tandis qu’à long terme, ces titres a priori pleins d’énergie continuent à sous-performer, sur des périodes pouvant atteindre trois ans.
Finalement, la différence de performance entre des actions cotées lors de jours déprimants et celles offertes sous un soleil éclatant s’établit en moyenne entre 5% et 10%, toute chose étant égale par ailleurs. Voire entre 15% et 25% pour de plus petites capitalisations, ce qui n’est pas rien. Attention donc à la surchauffe qui n’est rien d’autre qu’une surréaction liée à un positivisme exacerbé.
Une deuxième étude élargit d’ailleurs le concept des influences « naturelles » sur l’humeur de l’investisseur, et donc sur ses choix. Menée sous le glorieux soleil finlandais (enfin, glorieux surtout l’été), cette analyse des transactions boursières montre que la météo locale, la longueur du jour ou la phase lunaire affectent le sens des transactions et leur volume.
L’étude relativise néanmoins cette influence, en la comparant à celle d’un grand classique de la saisonnalité, le fameux « effet du lundi », qui est lié au fait que les séances boursières du début de semaine ont tendance à être haussières si celles du vendredi précédent l’ont été.
L’esthétique a encore de beaux jours devant soi
Enfin, notre troisième étude d’aujourd’hui s’intéresse à l’esthétique. Figurez-vous qu’elle joue un rôle important dans vos investissements. Si, si… malgré ce que déclarent généralement les investisseurs, la beauté des documents présentant un investissement potentiel joue souvent un rôle sur le niveau de valorisation des titres et le comportement des investisseurs.
Ces brochures, plaquettes ou dossiers que vous avez probablement déjà tenus en mains sont importants lors d’introductions en bourse car ils apportent des informations peu ou pas disséminées dans le grand public. Puisqu’avant d’être cotée, une société n’est pas tenue de dévoiler ses résultats ou sa stratégie de manière aussi exhaustive que lorsqu’elle veut rejoindre le grand monde de la bourse.
Mais – et c’est assez machiavélique –, l’influence de l’esthétique de tels documents est d’autant plus forte que l’investisseur dit ne pas lui prêter d’attention. Une plaquette de présentation d’un fonds de placement que votre cerveau juge formellement attractive (par sa mise en page, ses couleurs, etc.) vous poussera encore plus à acheter ce fonds si votre cerveau ne vous prévient pas qu’il a été sensible à cette beauté plastique. La force de l’élégance discrète, en quelque sorte.
Dernier enseignement, plus paradoxal, de cette étude : l’esthétique des documents de présentation est moins importante lorsque l’investissement en question porte sur un objet dont la valeur repose sur la beauté. Un amateur de Picasso sortira le carnet de chèques même si on lui présente une photo floue et mal cadrée d’un chef-d’oeuvre en vente, en résumé. Reste à identifier l’équivalent d’un Picasso sur les marchés actuels…
La chance, sur un malentendu…
En conclusion, ces trois recherches académiques devraient inspirer un peu de modestie aux génies du marketing financier. Et peut-être permettre à l’investisseur curieux de prendre du recul face à la prochaine « nouvelle plus importante introduction en bourse de l’histoire ».
Après, sur un malentendu, il n’est pas impossible que vous gagniez 684% en une seule journée si l’orthographe n’est pas votre fort. Par chance, une faiblesse peut vous rendre riche… De notre côté, nous préférons toutefois miser sur la science à travers notre nouveau service et sa garantie de performance de 50% minimum en cinq ans.
Bonne lecture
* Toutes les études mentionnées dans cet article, et bien d’autres encore, peuvent être consultées en vous enregistrant sur notre page spéciale « Agora ».