Janet Yellen a quelque peu surpris les marchés, mardi dernier, en orientant son discours sur les inquiétudes d’une faible inflation, des perspectives incertaines et les dangers d’un dollar fort.
Difficile de faire beaucoup plus dovish (ton accommodant en termes de politique monétaire, par opposition à hawkish) en si peu de temps. Les Bourses mondiales ont apprécié le message et ont immédiatement repris une danse qu’ils connaissent bien depuis plusieurs années maintenant. On a vu mercredi un mouvement de hausse violent et immédiat.
Quelque chose me gêne tout de même dans cette réaction, effacée d’ailleurs dès hier. En effet, la marche arrière de la Fed pourrait vite être interprétée comme un signe inquiétant pour la reprise américaine qui ne serait, finalement, pas si solide que cela. On nous aurait menti ?
Méfiance donc ! La dose promise au malade comme un cadeau du ciel pourrait le faire douter et le plonger dans une dangereuse névrose… ou une dépression.
Devises : ça bouge !
Au-delà des indices, c’est le billet vert qui fait les frais de ces déclarations. Le dollar Index a rapidement corrigé sous 95 points.
Le marché des changes, dans son ensemble, s’est vu bousculé : les « commo », et les devises liées aux matières premières ont profité des déclarations de Janet Yellen.
Voici l’état des forces relatives entre devises depuis le début de la semaine.
Les devises le plus en forme sont le dollar néo-zélandais (NZD), le dollar australien (AUD) et le dollar canadien (CAD). Ce dernier étant une réplique parfaite de l’évolution du pétrole.
A l’inverse, on peut voir que le dollar américain (USD) et le yen japonais (JPY) sont en difficulté, respectivement en raison des propos de Yellen et de l’appétit pour le risque.
EURUSD : Un signal d’achat ?
Et pourtant, on ne peut pas dire que Mario Draghi ait ménagé ses forces lors de sa dernière conférence de presse. Malgré l’étendue du quantitative easing (QE) et une volonté réaffirmée d’aller plus loin pour assurer au système sa dose de liquidités (80 Mds€ par mois quand même), le problème n’est pas résolu.
En face, aux USA, nous avons la fin d’un quantitative easing et l’amorce d’un resserrement monétaire.
Alors pourquoi, bon sang, cette satanée paire EURUSD ne va pas à 1 euro pour 1 dollar comme nos grands analystes nous le prédisent depuis des mois ? Réponse : L’anticipation. Encore et toujours…
En effet, d’un côté la BCE semble avoir jeté ses dernières forces dans la bataille, et les tensions avec l’Allemagne se font de plus en plus pressantes. Weidmann ne manque d’ailleurs pas une occasion de dénoncer la politique monétaire de la BCE.
De plus, les chiffres d’inflation publiés jeudi vont rendre difficilement justifiable la poursuite de l’assouplissement (QE) ou en tous cas son amplification. Les prix ont progressé de 1% hors énergie, et le CPI global a légèrement augmenté à -0.1% contre -0.2% auparavant. Un chiffre qui reste faible, mais suffisant pour que la BCE marque le pas afin de voir les effets de sa politique.
Les Etats-Unis s’inquiètent du dollar fort et de l’inflation faible. Ils jouent habilement avec les mots pour maintenir les marchés en éveil et ne pas étouffer le début de la reprise… bien timide.
Quoi qu’il en soit, l’EURUSD a atteint 1.14$ jeudi et a donné clairement un signal d’achat.
La prudence reste de mise car un repli sera sans doute nécessaire. Plusieurs zones devraient jouer leur rôle de support. A surveiller la semaine prochaine !
EURUSD-daily
Les moyennes mobiles courtes 50 et 20 (bleue et rouge) ont confirmé leur croisement haussier et se positionnent pour soutenir les cours.
L’ADX-R (en bas) donne le signal par le croisement des ADX et ADXR en zone basse confirmant la puissance du mouvement à moyen terme.
J’ai identifié trois zones d’achat idéales à 1.1250, 1.1180 puis 1.1120, qui permettront de construire une position équilibrée. Le seuil d’invalidation se situera sous la zone clé des 1.1050. Le repère idéal étant le niveau de la moyenne mobile à 100 jours.
Les statistiques de l’emploi publiées cet après-midi devraient aider à y voir plus clair alors que les PMI manufacturiers chinois ont battu le consensus en s’établissant à 50.2 points pour le chiffre officiel et 49.7 pour la mesure de la Caixin.
Bon week-end.
Jérôme