La Banque du Japon (BoJ) serait-elle sur le point de mettre un bémol à sa politique monétaire ultra-accommodante ?
C’est la thèse que défend Takahide Kiuchi, membre du conseil de la BoJ… ah non pardon: ex-membre de la BoJ (il l’a quittée il y a 1 mois) et opposant notoire à la stratégie ultra-expansionniste de son ex-patron Haruhiko Kuroda.
Donc, ses déclarations n’engagent que lui, ce que ne les rend pas inintéressantes pour autant.
En ce qui concerne l’inflation, après 25 ans d’échec à la ramener vers ou au-dessus de 2%, la BoJ pourrait jeter l’éponge et fixer un objectif moins ambitieux, fixer des objectifs à plus long terme (ce qui permet de laisser du temps au temps et de s’affranchir de l’urgence de « faire quelque chose » pour contrecarrer des vents contraires.
La BoJ pourrait par ailleurs cesser de dépenser des milliards pour ancrer le taux à 10 ans au contact du niveau zéro : il serait beaucoup moins coûteux de se contenter de contrôler le rendement des taux à 3 ou 5 ans.
Conclusion : tout ça pour ça !
Des milliers de milliards de dollars de faux-monnayage (le « bilan » de la BoJ atteint 75% du PIB nippon) pour n’obtenir aucun des résultats attendus et 24 ans passés à faire fausse route (sur 25), ce qui témoignerait d’une persistance dans l’erreur qui connaît peu de précédents historiques.
Mais les membres de la BoJ ne sont pas des idiots : appliquer durant deux décennies et demie une stratégie qui ne fonctionne pas, cela signifie que c’est parfaitement délibéré et que le but poursuivi n’est pas celui que l’on revendique.
La véritable réussite du « plan inavoué », c’est d’avoir affaibli le yen pour rester concurrentiel face à l’Allemagne et la Chine.
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Les Japonais comprendraient-ils enfin que rien n’est plus désirable qu’une monnaie forte leur offrant le monde sur un plateau ? Ce serait un renversement majeur des équilibres monétaires mondiaux. S’ils faisaient ce choix, le yen deviendrait rapidement la monnaie de réserve mondiale, la dette japonaise serait la plus recherchée et les investisseurs prêts à payer le prix fort pour la détenir. Les Japonais verraient leur pouvoir d’achat démultiplié et les investissements au Japon connaîtraient un boom sans précédent, le tout accompagné d’une robotisation avancée sans équivalent dans le monde, pour des coûts de production réduits comme nul part ailleurs. Le Japon aurait alors tous les atouts dans son jeu, au lieu de saper ses capacités comme aujourd’hui en sacrifiant sa monnaie.