La forte chute de la Bourse chinoises n’est pas une surprise : mon collègue et ami Philippe Béchade maintes fois évoqué la situation, vous a parlé des ratios stratosphérique du SSE (le PER du marché chinois dépassait les 70 à son top !) et la situation explosive du marché, et nous nous inquiétons de la folie boursière qui s’emparait des petits investisseurs lambda, qui ouvraient des comptes et investissaient sur des actions comme ils joueraient au casino.
Le Krach du SSE (l’indice chinois ayant perdu plus de 30% en un mois, je pense que l’on peut parler d’un krach) risque d’être suivi d’un net ralentissement de l’économie.
Les ventes de voitures ont, par exemple, d’ores et déjà reculé de 3,2% en juin dernier, la première baisse depuis deux ans. Le consommateur chinois risque également d’être touché de plein fouet : ils sont des millions (oui, les chiffres le montrent) de petits investisseurs qui, fraichement arrivés sur les marchés boursiers, viennent de se faire tondre de 35%.
Car en mai dernier, ils ont été près de 4 millions à ouvrir de nouveaux comptes boursiers chaque semaine. De même, sur 90 millions d’investisseurs en Chine, plus de 98% sont des particuliers, souvent habitués à voir les marchés monter en ligne droite. Cette consolidation entraine une destruction de richesses pour tous ces investisseurs et donc… une moindre consommation.
Dans ces conditions, et si la crise se poursuit, il pourrait être difficile d’atteindre les 7% de croissance espérés – qui représenterait cependant la plus faible croissance depuis 25 ans. Bien-sûr, ces chiffres feraient rêver dans l’Hexagone. Pourtant, il faut garder en tête qu’une hausse du PIB autour des 7% est à peine satisfaisant pour absorber les 10 millions de Chinois qui arrivent chaque année sur le marché du travail.
Pour ceux qui sont abonnés à La Lettre PEA, j’avais dit dans mon éditorial de juin dernier que la tendance haussière alors en place en Chine n’était pas saine… Nous voilà avec cette débâcle qui va sans doute ruiner de nouveaux épargnants et mettre à mal les prévisions de croissance.
Les autorités chinoises ont alors pris le taureau (ou plutôt l’ours) par les cornes, en suspendant les cours de Bourse et en interdisant aux gros fonds institutionnels de vendre des titres pendant 6 mois.
On croit rêver ! Cela montre évidemment l’immaturité totale du marché en Chine, mais également à quel point la Bourse chinoise est encore loin, très loin d’être saine. Remarquez, nos Fed et BCE font cela à peine plus subtilement en soutenant les cours avec des perfusions massives.
Mais c’est évidemment reculer pour mieux exploser en vol après.
Alors en Chine, les investisseurs ont cru ue la Bourse était un jeu d’argent comme un autre. Mais ils n’ont aps compris que là, les dés étaient pipés. La commission chinoise de régulation des marchés financiers avait laissé s’installer une surabondance de titres sur le marché, avait laissé s’introduire n’importe quelle société en Bourse malgré des bilans contestables. Et le gouvernement chinois n’a jamais voulu prendre le risque d’avertir la population que les marchés boursiers étaient complètement decorrelée de l’économie réelle. (Philippe Béchade a bien évidemment une idée sur la raison de ce silence).
Nul ne sait où iront les marchés chinois dans les prochaines semaines mais espérons que les évènements actuels serviront de détonateur à plus de régulation, moins d’amateurisme.