Si la première moitié de l’année s’est soldée par une progression notable des marchés actions des deux côtés de l’Atlantique, la période aura également été marquée par l’extrême faiblesse du nombre d’introductions en Bourse dans l’Hexagone.
Comme je l’explique à mes abonnés à Mes Valeurs de Croissance dans le numéro de juillet, la place parisienne n’a en effet enregistré qu’une seule IPO depuis le 1er janvier : celle d’Arcure, un spécialiste des capteurs de vision 3D. Et encore, ce dernier n’a mobilisé que 8 M€…
Le contraste est pour le moins saisissant avec le premier semestre de 2018, au cours duquel pas moins de 17 sociétés s’étaient introduites. Force est d’admettre que la Bourse ne fait plus recette, quand dans le même temps le monde du private equity trouve de plus en plus d’adeptes.
Ce dernier ne manque il est vrai pas d’atouts, entre un nombre d’obligations légales bien moins important, d’où la possibilité appréciable de gérer une société avec moins de contraintes et de comptes à rendre, et des valorisations beaucoup plus conséquentes, parfois 30% supérieures à celles de l’univers coté.
Des valorisations sans doute plus élevées dans le private equity
Tel est grosso modo le message que j’ai délivré jeudi dernier sur le plateau de BFM Business dans le cadre de l’émission Tech and Co, durant laquelle j’ai également interpellé son présentateur Sébastien Couasnon au sujet des nouvelles licornes françaises. Je me suis en effet demandé si les nouvelles sociétés qui valent plus de 1 Md€, les Doctolib, leader de la prise de rendez-vous médicaux en ligne, et autres Meero, l’Uber de la photographie, auraient atteint une telle valorisation dans l’univers boursier.
Sébastien Couasnon et moi-même en sommes d’autant moins convaincus que c’est dans le private equity que les géants américains de la « tech » ont su se faire un nom et de se construire une réputation. Si la valorisation d’Uber est aujourd’hui de quelque 75 Mds$, c’est essentiellement à la suite de tours de table réalisés dans le non-coté. Or, depuis son arrivée à Wall Street début mai, l’action est en léger retrait par rapport à son cours d’introduction de 45$, ce qui tend à donner raison à tous ceux qui conseillaient au géant de la mobilité de ne pas franchir le Rubicon boursier…
Le grand retour des OPA
Loin de moi bien sûr l’idée de dissuader les entreprises de tenter leur chance en Bourse, mais le fait est que les conditions actuelles ne sont pas propices. Sous les 500 M€ subsiste ce qu’on a coutume d’appeler l’angle mort des marchés, une situation pénible dans laquelle la faiblesse de la liquidité le dispute à une recherche quasi-inexistante.
Sans entrer dans le détail de la directive européenne Mifid, celle-ci a fait beaucoup de mal à pléthore de valeurs, entraînant un désintérêt des analystes parce qu’il n’y avait pas de modèles de rentabilité en face.
Pire : la cote s’appauvrit, puisque dans le même temps de nombreux rachats ont eu lieu au cours du premier semestre. Outre celui d’Altran par Capgemini, Agta Record, Coheris, Evolis ou encore Supersonic Imagine ont ainsi été « croquées ». La thématique des OPA, qui est l’essence même de mon service MicroCaps Fortune, lequel consiste notamment à dénicher des sociétés susceptibles d’être rachetées, fait donc son grand retour.Alors certes, tout n’est pas non plus figé et des IPO sont tout de même dans les tuyaux à l’image de celle de Tera Group, un spécialiste de la surveillance en temps réel de la qualité de l’air. Toutefois, on est ici dans le domaine des micro-levées de fonds…
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