Cher trader,
◊ Quand Wall Street s’enrhume…
Très classiquement, depuis une bonne vingtaine d’années, on parle d’une forte corrélation entre les marchés européens et américains. Wall Street semble dicter sa loi au monde entier… et combien de séances européennes ont-elles complètement changé de visage vers 15-16 h (Paris), quand ouvre New York ?
Cependant, la corrélation, bien qu’elle reste forte, n’est pas parfaite. Parfois l’Europe est « en retard » par rapport à l’Amérique, et parfois elle évolue de manière indépendante… D’ailleurs, si le Dow Jones (à la différence du Nasdaq Composite) a récemment encore marqué ses plus hauts historiques, le CAC 40 en est loin, de même que d’autres indices européens.
◊ … les Européens ont la grippe
Le phénomène ne vous aura très certainement pas échappé : en ce début d’année 2008, les principaux indices actions européens affichent un recul bien plus prononcé que leurs homologues américains. Etrange, non ? Puisque c’est bien d’Outre-Atlantique que nous vient la fameuse crise des subprimes. Oui mais voilà : mondialisation de la finance et financiarisation du monde obligent, nos établissements bancaires sont eux aussi touchés — en témoignent les récentes dépréciations d’UBS ou de la Société Générale.
Et pourtant, les chiffres sont là : depuis le début de l’année, la plupart des places du Vieux Continent affichent des baisses supérieures à 10%, tandis que le S&P 500 ne perd « que » 5% et le Dow Jones 4%. Injuste oui… ce sont eux qui nous enrhument et nous qui trinquons. Que voulez-vous…
En tout cas, si vous aviez encore un doute sur ce fait, je me suis amusé à tracer un graphique qui va vous montrer la « force relative » des indices européens par rapport aux indices américains. Cela va nous aider à analyser comment les indices européens réagissent face aux indices US. Eh bien… il n’y a rien d’étonnant : nous suivons et amplifions la tendance des indices. Voyons cela en détail.
◊ Qui des USA ou de l’UE est en meilleure santé que l’autre ?
Je vous ai déjà parlé du concept de la « force relative » dans l’une des Chronique Agora (n’hésitez pas à lire l’article pour vous rafraichir la mémoire).
Le phénomène que nous constatons aujourd’hui n’est donc pas exceptionnel. Si l’on reprend l’historique de la force relative Europe/Etats-Unis au cours de ces huit dernières années (que j’ai figurée dans le graphique ci-dessous par le ratio de l’indice Eurotop 100 contre S&P 500), deux périodes de forte tendance se détachent.
Pendant le dégonflement de la bulle boursière des valeurs TMT, entre 2000 et 2003, l’orientation baissière du ratio nous informe que les indices boursiers européens ont plus fortement baissé que les Etats-Unis. Certes, si on avait pris le Nasdaq pour base, cela serait moins vrai, mais ceci dit, le S&P500 intégrait lui aussi des valeurs technologiques — plus encore sans doute que les indices européens.
Inversement, alors que les marchés actions ont accentué leur dynamique haussière dès la fin 2004, les actions européennes se sont mises à faire mieux que leurs rivales (ah… quand même !). Sur les 18 derniers mois, aucune tendance ne s’est réellement dégagée, jusqu’au violent décrochage de ce début d’année… J’ai indiqué par une flèche ce violent décrochage, comme vous pouvez le voir ci-dessous : serait-ce le commencement d’un nouveau cycle baissier ?
Evolution ratio Eurotop 100/S&P 500
◊ Ni l’un ni l’autre : les USA nous entrainent dans leur chute !
Cette sortie par le bas d’une longue d’une période de consolidation n’augure rien de bon. Vous le savez maintenant, les configurations graphiques propres des indices sont baissières à moyen terme (cf. mes récents Billet du Trader), l’étude de cet indicateur ne vient donc que renforcer ce scénario. Avis aux haussiers…
Pour invalider ce signal, il faudrait à la fois un net retour de la force relative dans le trading range 2005-2007, et à la fois une hausse sur l’indice américain lui-même ; mais avec quelle énergie ? D’où l’économie américaine blessée, que l’on soupçonne déjà d’une récession, tirerait-elle la vigueur nécessaire pour un rebond désespéré ?
En tout cas, la corrélation entre l’Europe et les marchés américains (qui restent malgré tout la principale place financière dans le monde) risque de demeurer forte dans les mois à venir, même si elle ne devrait plus être aussi prononcée que par le passé, le poids de l’économie américaine dans le monde étant en passe de diminuer de manière « dramatique », pour reprendre le cliché anglo-saxon.
Quoi qu’il en soit, l’important pour moi c’est d’avoir une tendance claire pour jouer les turbos, même à très court terme. Et puisque cette « force relative » semble nous annoncer un trend baissier, tant mieux : nous allons pouvoir continuer de jouer la baisse avec un effet de levier !