Les chancelleries occidentales surveillaient de près le scrutin législatif de ce dimanche en Turquie. Et pour cause : il s’agissait de la dernière possibilité pour l’opposition déjà très affaiblie – d’empêcher l’obtention des pleins pouvoirs et l’instauration d’un mandat présidentiel illimité pour le leader turc Recep Tayyip Erdogan, déjà aux commandes depuis 15 ans.
Las ! Selon les termes de l’agence d’Etat pro-gouvernementale Anadolu, le président aurait remporté « une large victoire » (52,5% des suffrages dès le premier tour après dépouillement de plus de 99% des urnes).
Une majorité d’électeurs a donc souhaité qu’Erdogan puisse prolonger son mandat en lui apportant suffisamment de voix pour éviter un second tour contre son plus grand adversaire, Muharrem Ince, député du Parti populaire républicain laïc et héritier de la tradition kémaliste. Une tradition qui ne peut désormais qu’espérer survivre, à défaut de pouvoir peser sur le cours des événements et de pouvoir contenir la dérive du pays vers une dictature théocratique…
Muharrem Ince s’est empressé de dénoncer des chiffres manipulés et des centaines de cas de fraudes auraient au demeurant été signalés, mais les recours ont cependant peu de chances d’aboutir.
Il convient de se souvenir de ce célèbre adage de Joseph Staline selon lequel ce qui importe ce n’est pas qui vote, mais qui compte les votes… Pour lire la suite…
Intouchable Erdogan
En l’occurrence, l’appareil étatique est entièrement entre les mains d’Erdogan et de ses partisans depuis l’étrange tentative de coup d’Etat manquée de mi-juillet 2016.
Qui pouvait l’imaginer organisant un scrutin qu’il n’était pas absolument certain de remporter, sachant qu’il ne concernait que sa personne et l’instauration d’un régime autocratique, sans horizon de temps ?
Erdogan est désormais certain de diriger encore la Turquie – sauf incident de santé imprévisible – lorsque Donald Trump, Shinzo Abe et Emmanuel Macron remettront leur mandat en jeu, tandis qu’Angela Merkel aura passé la main. Il disposera donc de cet énorme avantage de la « longévité » par rapport aux principaux leaders occidentaux susceptibles de vouloir faire évoluer leurs relations avec la Turquie.
Vers une sortie de l’Otan pour la Turquie ?
S’agissant du président américain, la question est de savoir s’il œuvrera ou non pour le maintien de la Turquie au sein de l’Otan, étant entendu qu’Erdogan – se sentant plus fort que jamais – peut désormais tourner définitivement le dos à la démocratie et à cette laïcité qu’il exècre… Et qu’il aura toute latitude ou presque pour dérouler ses plans de conquête au Kurdistan syrien et de développement de l’influence régionale turque au Proche-Orient sur le court, le moyen et le long terme.
Les seuls dirigeants de premier plan avec lesquels il est certain de pouvoir discuter de la marche du monde au-delà de l’été 2002 sont Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui ne sont pas membres de l’Otan et qui aimeraient plus que tout le voir affaibli.
Le départ de la Turquie porterait quoi qu’il en soit un coup sévère à l’alliance atlantiste et Erdogan a certainement déjà mesuré que cela peut se monnayer très cher.
Quant à Donald Trump, il doit sans doute déjà se demander comment lui faire payer cet éventuel renversement d’alliance…
Un rebond des devises émergentes à l’automne est hautement probable
2 commentaires
Arrêtons d analyser chaque situation d un point de vue américain ou occidental ! Les turcs ont élu et choisis un président à leur image, un insoumis ( selon eux). La Turquie est laïc, bien qu il y ait des dérives du président erdogan elle n a à recevoir aucune leçon. Il serait intéressant de voir comment nos présidents réagiraient après un putch manqué. Donc balayons devant notre porte et arrêtons de donner des leçons à tous va.
est ce que poutine avec sa politique remet en cause les fondements de la chrétienté ( orthodoxe)?