Le 15 janvier dernier, je consacrais un article à LafargeHolcim (CH0012214059) en expliquant combien le groupe était victime du ralentissement des émergents. Je vous conseillais de rester à l’écart du titre, qui était encore assez cher avec un PER de 16 et une Ve/ca de 1,4. Pour moi : « la débandade des économies émergentes risquait de s’accentuer et le marché n’a pas encore totalement pricé cette donne sur le titre ».
La « pire performance » du CAC40 début 2016
Je ne croyais pas si bien dire…
Depuis cette analyse, le titre a perdu encore 15%, ce qui lui vaut la pire performance du CAC40 depuis le début de l’année.
Il faut dire qu’en plus de la mauvaise conjoncture économique, les mauvaises nouvelles internes se sont succédées. D’abord, il y a eu le départ du président du groupe, Wolfgang Reitzle, qui pourrait rejoindre le spécialiste des gaz industriels Linde. Son successeur Beat Hess est actuellement vice-président du conseil d’administration.
Et puis, on apprend que, peu à peu, les gros investisseurs quittent le navire. La banque russe Sberbank a cédé sa participation de 6,1% à un groupe d’investisseurs internationaux avec une décote de 7% par rapport au cours de Bourse, ce qui est énorme pour une valeur du CAC40. Cela sonne un peu comme le sauve qui peut… En effet, habituellement, les décotes ne dépassent pas les 3% à 4%.
Pour ne rien arranger, les analystes s’en donnent à coeur joie sur la valeur. Natixis a très lourdement abaissé son objectif sur le titre… le passant de 65 à 34 €, soit à peine plus que le cours actuel. Les investisseurs sont totalement pris au dépourvu par la crise des émergents. Ils pricent maintenant le pire alors qu’en fin d’année, il y a moins de deux mois donc, ils semblaient plutôt confiants. Bravo leur capacité d’anticipation…
Situation « délicate » pour LafargeHolcim
L’analyse de Natixis est que la situation est plus que délicate pour LafargeHolcim, qui est désormais confronté à un risque crédit. On se demande à présent si le groupe ne va pas être obligé de procéder à des cessions d’actifs. D’ores et déjà, il pourrait céder la totalité de Lafarge India, mais d’autres cessions pourraient être au programme.
Vous l’avez compris, il est encore trop tôt pour revenir sur le titre, qui a perdu 57% depuis son cours d’introduction de 72 € le 15 juillet dernier.
Mais il paraît également trop tard pour sortir de la valeur, retombée sur une Ve/roc de 8 aux cours actuels, sauf si on price une dégradation de la notation de sa dette.
Mais pour tout vous avouer, je ne me place pas dans cette hypothèse… Le free cash flow cumulé attendu sur la période 2016-18 est toujours de 10 Mds de francs suisses (9 Mds€). Sauf avis contraire, il n’y a pas eu pour le moment de réajustement.
Donc, un conseil qui n’en est pas vraiment un : Si vous avez LafargeHolcim en portefeuille, faites le dos rond et attendez les résultats annuels du groupe à la mi-mars.