François Villeroy de Galhau, notre sémillant gouverneur de la Banque de France, déplorait ce matin que des « difficultés localisées » pesaient sur l’image globale du secteur bancaire européen.
Nous allons démontrer dans quelques instants à quel point le terme de « difficultés » relève de l’euphémisme pour nous focaliser sur le terme « localisé ».
C’est exactement le même type d’argument déployé lors de la crise des subprime. On nous parlait alors de quelques dysfonctionnements (parfaitement gérables) cantonnés à un secteur un peu atypique du crédit et qui ne sauraient compromettre la santé florissante du système bancaire américain.
Selon l’ABE (l’Autorité Bancaire Européenne), la « difficulté » rencontrée par les banques italiennes, c’est un taux de créances douteuses de 16,5% de l’encours (cela s’appelle un désastre) tandis que les banques portugaises supportent un taux de défaut égal ou supérieur à 20%, y compris après renflouement du groupe Banco Espirito Santo (août 2014) et de Caixa general de Depositos. Le Portugal affiche donc un taux de sinistres 5 fois supérieur à celui de la France (contre 4,1 fois pour l’Italie) et 7 fois le taux supporté par l’ Allemagne.
En ce qui concerne le Portugal, on injecte 100 Mds€ et on n’en parle plus. Pour l’Italie, ça va être un peu plus cher… disons 300 Mds€ pour rétablir des ratios de solvabilité comparables à la moyenne Européenne.
François Villeroy de Galhau -je ne sais pas si c’est un oubli- n’a pas évoqué le cas de l’Espagne. J’entendais ce matin un expert sur BFM Business expliquer qu’il n’y avait plus d’établissement financier ibérique en situation de faillite car la moitié des Caisse d’Epargne (à l’agonie) ont disparu… puisque fusionnées avec des consoeurs. Et hop, problème résolu !
Eh… mais attendez ! Y’a comme un loup dans cette affaire !
Et les centaines de milliards de dettes irrécouvrables espagnoles en souffrance, elles deviennent quoi ?
Pfuitt… disparues par la magie des fusions ?
Dans ce cas, il n’y a qu’à fusionner les banques italiennes : avec 2 trous noirs, on en fait un gros trou blanc ? (et oui jeu de mot : on en fait surtout un nouvel ensemble que je qualifierais de… troublant).
2 commentaires
Philippe Béchade est un contrarien pessimiste.
La conséquence à mon humble avis serait, une augmentation de la durée du QE par la BCE afin de permettre le sauvetage des banques Européennes.